Étiquettes
Cyril Tuschi, Gérard Lanvin, Les Lyonnais, Michel Neyret, Mikhaïl Khodorkovsky, Olivier Marchal, Vladimir Poutine
Samedi dernier, je retrouvais la place Gambetta et j’ai ressenti soudain l’impression qu’il avait neigé. Mais l’illusion d’optique était égale, en fait, à celle que dégage le film que je suis allé voir – beaucoup de mousse – près du rond-point tranchant (en voiture on peut craindre de s’y faire déchirer les pneus) qui trône en face de la mairie du 20ème.
(Photo : cliquer pour agrandir.)
Je savais d’avance que Les Lyonnais, d’Olivier Marchal, ne serait pas le polar du siècle : mais sa violence répétitive en cascade(s), son manichéisme lourd comme le 4 x 4 Audi dont il fait la pub en permanence, l’éloge « nostalgique » du flic d’autrefois (Michel Neyret, en prison à Paris à la Santé, est remercié deux fois au générique de fin) et qui n’a qu’une parole comme le chef des truands, les flashs-back incessants avec un Gérard Lanvin qui semble gêné aux entournures (sa représentation « jeune » n’est pas crédible), censés donner à l’histoire un aspect Il était une fois en Amérique, mais peine perdue, enfin la musique sirupeuse… aboutissent à un « produit » bien français pas du tout dans le coup, sauf de revolver.
(Photo : cliquer pour agrandir.)
Hier après-midi, j’ai changé de coin pour Vavin (6ème), ce quartier comme caché derrière le boulevard Montparnasse : on suit la rue du même nom, voici le dos de la statue de Balzac et l’on tourne, sans caméra, dans la rue Jules Chaplain.
(Photos : cliquer pour agrandir.)
Il faut se précipiter pour se laisser emporter, avant qu’il ne disparaisse totalement des écrans (il n’est déjà plus visible que dans deux salles à Paris), par le documentaire puissant consacré à Mikhaïl Khodorkovsky par Cyril Tuschi qui montre comment un scénario basé sur une trouble affaire politique – l’ascension puis la chute d’un « oligarque » russe, opposant à Vladimir Poutine – peut aboutir à créer une œuvre aussi forte dans l’enquête et les témoignages recueillis à Moscou, en Sibérie, en Allemagne, à Bruxelles, en Israël, à New York, que dans sa forme audacieuse : lents travellings sur les paysages de début et de fin, séquences animées en noir et blanc reconstituant, notamment, l’arrestation du PDG de la firme pétrolière Ioukos, lors de son retour des USA à Moscou, en avion.
(Photo : cliquer pour agrandir.)
Si les élections législatives en Russie ont donné une victoire relative, sans doute frauduleuse, au parti de Vladimir Poutine, Mikhaïl Khodorkovsky (voir ce site) le sait-il au moins, lui qui est enfermé pour des années encore dans un goulag modèle « sibérien » à 6 000 kilomètres de Moscou ? En décembre 2010 il a été condamné à cinq ans supplémentaires de prison (en 2003 il en avait déjà récolté huit) pour « vol de pétrole » et blanchiment d’argent. C’est pourquoi le film Khodorkovsky balaie en presque deux heures, par sa réalisation implacable et impeccable (musique d’Arvo Pärt), la fiction tricolore, ceinte de « fraternité virile », évoquée plus haut : la réalité russe connaît les ruses de l’Histoire.
(Photo : cliquer pour agrandir.)
(Arvo Pärt, Tabula Rasa)