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"hollandaise", Amsterdam, Amsterdamer, canaux, pédalos, pipe, tabac, Vélib', vélos, Yun Sun Limet
(Photo : cliquer pour pédaler.)
En passant mercredi matin devant ces deux vélos, accoudés sur le pont tournant de la rue Dieu, j’ai repensé au tabac Amsterdamer, avec son paquet bleu et peut-être une tête de marin sur le dessus de la poche longitudinale, je me suis souvenu du parfum qui se dégageait lorsque je le fumais et dont je reconnaissais le sillage, il n’y avait pas que dans cette ville « hollandaise » (symbolique des noms) que son parfum se répandait, douce écharpe olfactive, effluves de brume et d’embruns, caresse de la fumée invisible après quelques instants de combustion, j’ai toujours gardé cette pipe d’écume de mer – quel beau mot inventé : retrouvera-t-on un jour les créateurs de ces expressions ? – elle a mis au secret une odeur de passé enfui et présent à la fois, et ces vélos, quelle élégance comparée à la posture pataude d’un Vélib, et leur col de cygne, leur filet à l’arrière sans doute pour protéger les jupes de l’engrenage des rayons, le guidon haut perché qui domine la situation, la posture altière, droite, bravant l’air ou la pluie, Amsterdamer comme un signe capital – j’ai revu aussi Yun Sun Limet, rencontrée jadis – même si les touristes sont désormais très bruyants, m’a-t-on dit récemment, quand ils passent désormais sur les canaux en pédalos : un nom égale un souvenir et un souvenir devient un nom, comme une marque ou une estafilade, parfois cicatrisée.
(Photo : Ceci est une pipe. Cliquer pour aspirer.)
(The Rick Jensen Trio, The Oddly Shaper Room)
MARIE a dit:
J’aime bien cette photo toute simple avec ces vélos qui symbolisent si bien Amsterdam…
Dominique Hasselmann a dit:
@ MARIE : cela change de l’uniformité cycliste parisienne.
brigetoun a dit:
oh les boites et le parfum de l’Amsterdamer, et voilà que vous me mettez dans le souvenir d’un qui l’a trimbalé avec lui, ce parfum, les a trimbalées ces boites sur toutes les mers, dans beaucoup de ports et dans le salon où ses enfants l’admiraient (surtout quand il culottait une nouvelle pipe, avant de revenir à sa préférée qui n’était pas en écume de mer)
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : il existe des déclencheurs autres que photographiques…
caro.carito a dit:
Ah mon côté non fumeur. J’ai penché d’abord pour une bière puis un film… avant d’avancer dans la lecture et de sourire devant ce souvenir très éloigné d’un carreau de delft…
Quant au livre… je ne sais pas si je m’y pencherai mais je me souviendrai de l’écume de mer.
Dominique Hasselmann a dit:
@ caro.carito : même à Delft, les fumeurs doivent se tenir à carreau.
caro.carito a dit:
🙂
JEA a dit:
à chacun(e) sa mesure
je ne bourrais pas une pipe si elle ne pouvait accueillir un gros pouce de tabac
soit une heure à émettre des signaux de fumée…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Jea : maintenant on communique par patchs !
PhA a dit:
Amsterdamer. Pas senti depuis le collège…
Dominique Hasselmann a dit:
@ PhA : tout est maintenant clean et clinique (cauchemar clim ?).
Dominique Autrou a dit:
Mais où sont passés ces héros qui fumaient en voyageant dans des pays infestés par le paludisme et la malaria, faisant même l’amour sans protection ?
Heureusement, désormais il y a des journées contre toutes ces horreurs.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Dominique Autrou : Comme les Nambikwara qu’il a décrits, Claude Lévi-Strauss fumait (né le 28 novembre 1908, il est décédé le 30 octobre 2009).
Demain (il me semble), journée contre le cancer du côlon, samedi contre la sclérose en plaques, mais dimanche c’est la fête des mères !
PdB a dit:
la chanson de Brel n’était pas mal non plus, ramenant « leurs bataves jusqu’en pleine lumière… » on se souvient aussi, que d’évocation, des tandems des années trente, les départs à la mer et tout le toutim (maintenant, c’est vrai, avec leur vélib nos contemporains ont tout de crapauds sur des boites d’allumettes…) (ce que j’en dis…)
Dominique Hasselmann a dit:
@ PdB : la dernière fois où je suis allé à Amsterdam il y avait une expo de la très belle Lee Miller.
calystee a dit:
Belle madeleine qui a fait resurgir chez moi cette odeur oubliée, que j’aimais et qui m’écœurait en même temps, que j’aimais peut-être parce qu’elle m’écœurait, comme ce Cognac que je me suis longtemps forcé à goûter pour ressentir le soubresaut de mon gosier qui se révoltait chaque fois. Pas de masochisme mais une volonté de comprendre ma curiosité.
Dominique Hasselmann a dit:
@ calystee : attraction/répulsion ! Je me souviens que, fumant ce tabac, je me disais que j’incommodais forcément quelques personnes dans les parages. Et c’était un plaisir égoïste, en même temps.
Maïté/Aliénor a dit:
Amsterdamer, j’aimais aussi ce parfum.
La pipe en écume de mer pousse au rêve, fumée mise à part.
Quant au vélo de style hollandais, c’est mon préféré.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Maïté/Aliénor : tout est bien, en ce cas (pas de quoi s’amsterdamner).
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Elizabeth a dit:
Crapauds sur une boite d’allumettes, c’est charmant. Utilisatrice de Vélib (après 3 vélos volés, plus de souci !), je revendique mon état de crapaude !
J’ai craqué moi aussi sur cette madeleine comme dit Calystee, l’odeur sucrée de l’Amsterdamer et bien sûr celui qui en fumait parfois pour revenir content au caporal ordinaire.
Et c’est sans doute par mauvais esprit que je vois dans cette note une continuité avec la précédente : on est toujours au pays de Hollande ! (où l’on respire tellement mieux que dans l’infâme royaume de Sarkozie).
Dominique Hasselmann a dit:
@ Elisabeth : le changement dans la continuité.