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Pour une fois, je ne suis pas allé voir une expo la veille de sa fermeture mais celle de son ouverture (merci à Marie Lavin), qui a lieu à partir d’aujourd’hui-même au musée Rodin, rue de Varenne à Paris (7ème).

Rodin, La chair, le marbre : belle définition, mise en place, en perspective, en transformation, des sculptures devenues couleur d’albâtre, polies de manière exquise, mais que l’on n’ose effleurer que des yeux, modelé des formes comme sorties de leur gangue souvent laissée en l’état.

Ce marbre, un cas rare, est si proche du corps qu’il en est comme la reproduction matérielle, au second degré – car il est immobile tout en bougeant dans l’espace mental – le dessin, le contour voluptueux (quand il s’agit, la plupart du temps, d’êtres humains) : une philosophie de la sculpture s’en dégage, s’en extrait comme d’une carrière avec ses blocs encore mal dégrossis, concrétisation d’une idée sans doute platonicienne, d’une statuaire grecque du temps de Phidias ou de Praxitèle ou, plus récemment, si l’on peut dire, de Michel-Ange.

Le « corpus philosophique » apparaît ainsi comme un précipité de la représentation et de la mémoire historique, qui efface le passé : le vivant n’est pas figé mais transmué dans un geste pris (ou taillé) dans le vif, buriné pour que son éclat blanc (au contraire de celui, noir et imposant, de la Porte de l’Enfer qui est toujours fermée dans le jardin du musée) rayonne, dispense son bonheur, c’est-à-dire sa beauté intemporelle.

Chez Rodin, le marbre est auguste : presque immatériel, paradoxalement, et l’on aperçoit alors en relief un pur concept réalisé dans l’élan de la création.

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(Erik Satie, 1ère Gymnopédie)