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Sur le chemin de broussailles en pierre
nous ruons dans les brancards
puisque nous sommes des chevaux dégourdis
nos naseaux fument et aspirent l’oxygène bleui
le matin est encore rouge et vaporeux
au loin la ville délivrée s’enivre
s’étire s’ébroue s’éclabousse
sur le pavé on relèvera des bruits de cavalcades
en mesure à quatre temps
et du crottin bien moulé
cailloux noirs du petit Poucet
charbon non pétrifié à l’odeur presque humaine
un cuir luisant nous habille et nous protège
on dit que nous portons des œillères
et parfois prenons le mors aux dents
nos cavaliers savent notre désir de galop
dans la direction ordonnée
la cravache est parfois une récompense
ou une faute à moitié pardonnée
notre bataillon cingle à tous vents
qu’il s’agisse des artères ou des voies étroites
des passages privés ou des impasses signalées
sans fantassins de l’habitude
sans mousquetaires du carré
sans sectaires de l’hypoténuse
sans abbés de l’hyponyme
rien ne saurait empêcher notre saut
comme par-dessus la rivière d’un champ de course
l’eau nous rafraîchit les sabots
les fontaines Wallace se renversent facilement
leurs hétaïres apparaissent peu vêtues
la source nous provoque
la course enfle se gonfle et rugit
poussez-vous manants aux manoirs qui offusquent
et charlatans dorés sur tranches d’impôts
dégagez la route et l’avenue
la bourrasque a pris sa marche
nous serons fourbus après que vous soyez étendus
écartelés par nos jarrets musculeux
visés par nos yeux fixes
et notre singulière mémoire de fièvre
(Photo : trottoir à Paris le 14 juin. Cliquer pour agrandir.)
(Charlie Parker, Confirmation)
brigetoun a dit:
et la vieille haridelle vous suit des yeux et soupire avec joie
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : je ne vois pas de qui vous parlez.
gballand a dit:
Ah, vous vous laissez porter par le galop des mots… les œillères, c’est ce que nous portons le mieux 😉
Dominique Hasselmann a dit:
@ gballand : oui, difficile de se les enlever tout seul !
la bacchante a dit:
Vous ruez dans un rêve.
Dominique Hasselmann a dit:
@ la bacchante : une histoire de box ?
les cafards a dit:
le texte est sublime comme le Parker qui va avec !
Dominique Hasselmann a dit:
@ les cafards : pour Parker, je suis d’accord !
Francesca a dit:
Ce texte roboratif sort de sa torpeur matinale une autre vieille haridelle dont les sabots lourds se souviennent d’anciennes courses folles…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Francesca : arrêtez ces comparaisons animalières mal venues…
Lignes bleues a dit:
Mémoires de fièvre, fièvre de cheval, cheval de cirque, circassienne, sienne de terre, terre de mémoire..
Dominique Hasselmann a dit:
@ Lignes bleues : vous avez parcouru le manège…
marieb14 a dit:
Ecrire ses rêves en guise de bienvenue aux ruades lexicales, tant que l’on garde les rênes et les pieds à l’étrier !
Dominique Hasselmann a dit:
@ marieb14 : la chute de cheval n’est pas à exclure.
Zoë Lucider a dit:
On hennit de plaisir!
Dominique Hasselmann a dit:
@ Zoë Lucider : on a le droit.