Jeudi dernier, j’étais passé une fois de plus devant l’immeuble, place Saint-Gervais, dans le 4e (en face de l’entrée principale des expos de la mairie de Paris), totalement occupée par des camions garés en carré – comme dans un western les roulottes des conquérants de l’Ouest face à l’attaque probable des Indiens – pour un tournage de film, et je me disais que j’aimais cet intitulé, Les Compagnons du devoir, et le « u » en forme de V, comme à l’époque romaine.
Belle dénomination, beau programme, j’allais justement récupérer (pas pour moi) un « parchemin », ce diplôme à l’ancienne de baccalauréat au lycée Sophie-Germain, situé un peu plus loin, dans la rue de Jouy, résultat d’épreuves (parfois en négatif) mais pas moins formatrices, un « document unique » qui ne sera « délivré qu’une fois dans la vie ».
« Les Compagnons du devoir », et d’autres : moral, politique, civique, financier, conjugal, scolaire, artistique, photographique, supersonique… la palette était vaste, l’univers aussi.
(Photo : cliquer pour donner de l’espace.)
(Pink Floyd, The Dark Side Of The Moon)
brigetoun a dit:
et les maquettes dedans sont superbes, et j’aime la façon dont la maison se blottit en contrebas de l’église
Et puis nous sommes dans des temps apaisés
Dominique Hasselmann a dit:
@brigetoun : avec la rue François-Miron dans le prolongement, transportation dans le passé…
brigetoun a dit:
en plus dans mon passé (commencé ma vie indépendante en habitant rue de Sévigné et travaillant dans l’ancienne Faculté de Médecine chez les architectes – c’était un de mes trajets)
@ brigetoun : les rues sont des sédiments à souvenirs… D.H.
Julien Boutonnier a dit:
Oui, sans doute sommes-nous, à notre époque, des virtuoses de la chute, dans tous les sens du terme… Felix Baumgartner est bien un héros de notre temps…
Dominique Hasselmann a dit:
@Julien Boutonnier : pour l’atterrissage, l’unique photographe embarqué dans l’hélico avait le scoop garanti !
jeandler a dit:
Se faire un devoir de ne pas déparer l’environnement. Une belle philosophie. La devanture est d’un classicisme de bon aloi.
Dominique Hasselmann a dit:
@ jeandler : il est rare en effet de ne pas voir « rénover » telle ou telle devanture…
PdB a dit:
Une très belle librairie fait le coin du quai, juste là, et un jour j’y rencontrai Michel Pastoureau… (en plus j’adore Pink Floyd) (et il y a du soleil sur Paris aujourd’hui, que demander de plus ?)
Dominique Hasselmann a dit:
@ PdB : je ne connaissais pas son blason.
JEA a dit:
… leur Tour de France est infiniment plus respectable que celui des porteurs de gourdes dopés jusqu’aux sourcils…
Dominique Hasselmann a dit:
@ JEA : c’est sûr, et on préfère l’Armstrong lunaire (avec musique ad hoc) au cycliste perfusé !
Skif a dit:
Heureux, heureux Félix qui monta dans l’espace
Et puis s’en retourna, dessous le mur du son
Plus chanceux que le pauvre imprudent Phaëton
Donner à la télé son propre témoignage:
De si haut que l’on choit, c’est sur le caleçon
Que l’on se trouve assis en fin d’atterrissage….
(Ceci étant il a toute mon admiration. J’admire plus encore sa mère, d’ailleurs…)
Dominique Hasselmann a dit:
@ Skif : elle avait l’air ravie, une fois la chute terminée.
Zoë Lucider a dit:
Combien de fois a-t-il eu le temps de murmurer jusqu’ici tout va bien ?
Ceci dit, ce genre d’exploit me semble bien superflu mais ce que j’en dis…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Zoë Lucider : si on enlevait le « superflu » de l’existence, ce serait dommage. Certes, ça a dû coûter cher, mais c’était beau. Et c’est tout bénéfice pour Redbull (en dehors de l’aspect « participation à la recherche médicale en matière aéronautique » indiqué dans le dernier paragraphe de cet article).
Raoul Pantanella a dit:
Les Compagnons dv Devoir…
Je ne sais pas pourquoi m’est revenue à l’esprit cette vieille chanson interprétée par Yves Montand, « Le chat de la voisine », où il est dit :
« Je ne parlerai pas de l’ouvrier qui pleure
La perte de ses doigts morts aux champs du labeur »… (A lire et écouter en entier.)
Le Devoir, le Labeur, la Leçon de Morale, le Champ d’Honneur, d’Horreurs :
« Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées » (Baudelaire, Recueillement)
Moi aussi, je suis irrémédiablement sensible aux vieilles fanfreluches idéologiques venues du fond des temps… C’est grave, docteur Hasselmann ?
Dominique Hasselmann a dit:
@ Raoul Pantanella : non, cher patient, c’est une garantie de bonne santé. Ordonnance : continuez la même posologie. (Tarif de la consultation : gratuit.)
dominique autrou a dit:
Encore un triangle interdit ! Difficile pour le compagnon de faire son devoir… (compo. impec. malgré le manque de recvl…)
Dominique Hasselmann a dit:
@ dominique autrou : oui, composition typographique de la devanture, mais pour la photo je n’ai pas de grand-angle, alors que j’aurais voulu cadrer toute la maison, donc je l’ai guillotinée…
Verso Jafynec a dit:
Les compagnons du devoir sont-ils les adversaires du droit ?
Vous avez deux heures.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Verso Jafynec : le devoir est-il un droit ? Le droit est-il un devoir ? L’alliance des deux, dans une dialectique esquissée, aboutirait au recouvrement de l’un au détriment de l’autre.
Le devoir se doit (ici, on voit l’ambiguïté même se manifester) de s’imposer comme règle (rectiligne, correspondant à des normes émises le plus souvent dans les « tables de la loi »), mais accostant l’individu lui-même : le devoir serait donc quelque chose d’intériorisé – dans ses différentes formes dont je n’ai pas voulu établir un catalogue exhaustif – alors que le droit ressortirait d’une sorte d’empyrée juridique auquel on se réfèrerait en cas de lignes de conduite nécessaires ou de litiges constatés (le Code pénal, le Code civil, etc.).
Cependant, existe-t-il un devoir qui ne corresponde pas ou contredise le droit ? Un devoir (même scolaire) obéit à des principes établis : ceux de la morale, du vivre-ensemble, de la cité, de ses obligations et interdits.
Les compagnons du devoir sont donc, ipso facto, compagnons du droit, car même de façon artisanale, ils mettent leur savoir-faire, leur ambition et leurs résultats dans la perspective du droit (souvenons-nous de la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » de 1789), de même que l’individu, à son propre niveau, essaie, tente et réussit parfois (ou échoue souvent) de mettre en concordance (à la manière établie par Kant) son comportement individuel avec une maxime universellement valable, du type : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse » – même si l’idéal moral, en cette circonstance, est sans doute difficile à atteindre car chacun n’a pas toujours en perspective ni en tête, dans la moindre de ses actions, les fusées philosophiques qui ont parcouru le ciel serein où, hier, un Américain a franchi le mur du son en chute libre.
Francesca a dit:
Prof dans une autre vie, j’aurais noté 20/20 ! C’était avant 68 bien sûr…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Francesca : mais, quelque temps après, la notation est revenue (Vincennes a beaucoup résisté) !
Francesca a dit:
@ Dominique : oui, mes enfants (nés en 68 et 74) ont toujours eu des notes et des devoirs à la maison. Je disais ça parce que cela risque encore de changer… J’ai eu dans les 50’s un prof de Latin – génial à tous égards – qui donnait une note pour le carnet et une note pour chaque élève selon sa propre progression. Ainsi une « Mademoiselle l’orgueilleuse », qui avait laissé un blanc de crainte d un barbarisme, avait été notée 16/20 pour le carnet mais 0/20 pour sa gouverne ! Efficace.
50phik4 a dit:
C’est drôle, je ne manque jamais de m’arrêter pour contempler cette devanture quand je suis dans le coin… 🙂
Dominique Hasselmann a dit:
@ 50phik4 : la promenade est un artisanat…