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"Rengaine", Beaubourg, Dali, film, Kronimus, résonance latine, rue Rambuteau, Villeglé
J’ai vu ta mention, dans le métro, sur une affiche arrachée à la Villeglé, puis je suis passé devant la statue de la République enfin débarrassée de ses oripeaux métalliques – c’est Kronimus qui joue sur la place et son nom à résonance latine est cisaillé de consonnes de béton – et tu étais là, pas loin du musée Beaubourg avec sa foule avide de Dali, tu montais la garde (de quoi ?), tu attendais sans doute quelque chose dans ta combinaison d’homme-grenouille rouge (les vertes n’étaient plus en rayon), tu faisais le pied de grue, les heures passent lentement tandis que les piétons se pressent déjà pour les achats de Noël, sur la rue Rambuteau des guirlandes jouent les mini-livres éclairés dans le ciel, les heures se comptent alors si on a une montre, mais il vaut mieux en être dépourvu, tu ne tendais pas la main, tu n’avais pas un écriteau « Pour manger, un ticket de restaurant ou une pièce, svp », ce qu’il y avait dans ta tête ne m’était pas connu, transmis, copié-collé, imprimé, diffusé, une solitude au coin de la rue, une statue pas de sel mais de celles que l’on fait semblant de ne pas voir, on passe son chemin et puis le cinéma se trouve juste au-dessus (Rengaine = brouillon), et tu te le fais toi-même, ton film, il s’intitulerait peut-être « À quoi ça sert ? » mais le plus difficile est de trouver un producteur, le reste : le scénario, le casting, les repérages, tout cela est déjà sur les rails d’un travelling purement imaginaire, une œuvre qui demeurera virtuelle et donc ouverte à toutes les possibilités, hormis sa réalisation puisque la fin devrait être un suicide, et c’est peu vendeur à première vue.
gballand a dit:
Ah, se faire « son cinéma », avec des « travelling imaginaires », quoi de plus séduisant… Une fin qui n’échappe pas à la crise, néanmoins.
brigetoun a dit:
être seul rue Rambuteau, la solitude à la puissance je ne sais combien..
le suicide n’est vendeur qu’après, quand on peut philosopher dessus, sans avoir à intervenir
Dominique Hasselmann a dit:
@ gballand : juste deux lettres.
@ brigetoun : une hypothèse en passant.
@ gilbert pinna : les Halles, c’est en cours aussi…
@ nomade : la nuit, il s’en passe, des choses… (Comme ici, j’inaugure la réponse avant le commentaire !)
Gilbert Pinna a dit:
(… les chantiers ou cette façon de rentrer dans le ventre des choses)
nomade a dit:
Zut alors ! je pensais que Kronimus était une marque de cornichons !
PS : comment l’affiche du métropoli-pour être honnête a t’elle pu être déchirée jusqu’à une telle hauteur ? Des extra-terrestre géants seraient donc tapis dans les souterrains de la RATP en attendant le gong du 21 décembre ?
les cafards a dit:
sacré beau texte !
Dominique Hasselmann a dit:
@ les cafards : écrit à la va-vite…
Yvan Jerescof a dit:
Un homme-grenouille rouge, ça ne peut être qu’un espion du KGB.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Yvan Jerescof : disons… le FSB !
Sorcière a dit:
Kronimus (j’ai d’abord pensé à une marque de bière) dispose aussi semble t-il avec kronivision du pouvoir d’oeuvrer dans le virtuel ouvert à toutes les possibilités …
Dominique Hasselmann a dit:
@ Sorcière : oui, le sable peut se transmuter en or…
Sorcière a dit:
En argent d’abord ! 😉
@ Sorcière : cette étape est-elle nécessaire lors de l’alchimie financière ? D.H.
Pierre Chantelois a dit:
Bizarre la vie! Nos meilleurs scénarios ne fonctionnent jamais comme prévus. Et parfois la chute est brutale. Beau texte.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Pierre Chantelois : l’imagination est parfois périlleuse…
Julien Boutonnier a dit:
Sur le suicide, très beau livre de Jean Améry : « Porter la main sur soi » chez Actes sud.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Julien Boutonnier : pas lu (mais on en a parlé depuis dans l’Education nationale…)