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J’ai vu ta mention, dans le métro, sur une affiche arrachée à la Villeglé, puis je suis passé devant la statue de la République enfin débarrassée de ses oripeaux métalliques – c’est Kronimus qui joue sur la place et son nom à résonance latine est cisaillé de consonnes de béton – et tu étais là, pas loin du musée Beaubourg avec sa foule avide de Dali, tu montais la garde (de quoi ?), tu attendais sans doute quelque chose dans ta combinaison d’homme-grenouille rouge (les vertes n’étaient plus en rayon), tu faisais le pied de grue, les heures passent lentement tandis que les piétons se pressent déjà pour les achats de Noël, sur la rue Rambuteau des guirlandes jouent les mini-livres éclairés dans le ciel, les heures se comptent alors si on a une montre, mais il vaut mieux en être dépourvu, tu ne tendais pas la main, tu n’avais pas un écriteau « Pour manger, un ticket de restaurant ou une pièce, svp », ce qu’il y avait dans ta tête ne m’était pas connu, transmis, copié-collé, imprimé, diffusé, une solitude au coin de la rue, une statue pas de sel mais de celles que l’on fait semblant de ne pas voir, on passe son chemin et puis le cinéma se trouve juste au-dessus (Rengaine = brouillon), et tu te le fais toi-même, ton film, il s’intitulerait peut-être « À quoi ça sert ? » mais le plus difficile est de trouver un producteur, le reste : le scénario, le casting, les repérages, tout cela est déjà sur les rails d’un travelling purement imaginaire, une œuvre qui demeurera virtuelle et donc ouverte à toutes les possibilités, hormis sa réalisation puisque la fin devrait être un suicide, et c’est peu vendeur à première vue.

Tu1_DHTu2_DHTu3_DH(Photos : agrandissement suggéré.)