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Pas compliqué : cela démarre déjà dans le métro avec ses crissements de roues, ses claquements de portes, ses soupirs impromptus, ses annonces qui confondent train et métro, ses coups de freins brusques, et puis on arrive à la station Odéon, il suffit alors de prendre la rue Félibien (6e) et le bâtiment est là, quelques étages à grimper et voilà la salle, déjà on remarque François Bayle installé parmi le public.

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Samedi soir, Multiphonies GRM 12/13  à l’Auditorium Saint-Germain de Paris, cinq créations (entrée gratuite).

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Ce qui frappe et ce qui change : aucun orchestre (ni chef) sur scène, uniquement des haut-parleurs, des enceintes verticales ou rondes et des sortes de bouquets de tulipes répartis dans toute la salle pour faire rayonner et circuler le son.

Quand l’obscurité se fera, nul ne sera distrait par les instrumentistes ni les gestes du « conducteur » avec sa barre anti-roulis dans le dos. La musique deviendra reine de la nuit, juste accompagnée de quelques traits lumineux et d’esquisses de projecteurs.

La première partie du concert (ou de la mise en œuvre par les créateurs eux-mêmes, assis successivement à la table de mixage) présente trois compositions inédites : Jacky Mérit, Au bord de l’air (12’), qui cite Platon dans le programme : « … la musique capte, elle captive dans le lieu où elle résonne et où l’humanité piétine vers son rythme, elle hypnotise et fait déserter l’homme de l’exprimable. » (République III, 401d.). Flux dansant.

Puis Elsa Justel, avec Cercles et surfaces (16’05), nous emmène dans ses « polyphonies en filigrane ».

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Ensuite, Kasper Toeplitz balance son Wolf Tone (19’20), sorte de fleuve de lave fusionnelle, longue coulée sonore qui suit sa pente crescendo jusqu’à l’assourdissement (quelques spectateurs quittent la salle), forge ininterrompue dans son battement quasi uniforme.

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Après l’entracte, où beaucoup d’anciens du GRM (rattaché à l’Ina en 1975) se retrouvent et se congratulent, Gilles Gobeil nous fait entendre Des temps oubliés (12’33) où un piano classique – hommage presque science-fictionnel à Liszt – égrène sa solitude dans ce moderne « cinéma pour l’oreille ».

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Enfin, Philippe Mion choisit L’Echappée (20’), objet ou sujet sonore d’une identification de la perception, harmonique ou défaite dans « une écoute réduite », avec, comme il l’écrit lui-même, des « saillies de lumière, effraction dans le fil « narratif » comme on échappe au maintenant pour mieux solliciter la mémoire », et ainsi aboutir à une composition splendide.

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(François Bayle, Espaces inhabitables, Jardins de rien)

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(Photos : pour augmenter la portée visuelle, bouger ou cliquer sur les images.)