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Le tiers livre et Scriptopolis sont à l’initiative d’un projet de « vases communicants » : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre. La liste complète des participants est établie grâce à Brigitte Célérier.
Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir d’accueillir ici Christine Jeanney, tandis qu’elle me reçoit sur son site Tentatives.
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(photo : agrandir.)
feu vert, attendez, feu rouge, Vous pouvez traverser – la voix ne dira pas feu blanc, il faudrait avancer à l’oreille seulement – la neige mangera tous les bruits – et nous serons fort dépourvus quand la renault sera venue – deux yeux immenses, deux grands yeux phares – et des cils en aluminium – deux yeux vitrés du noir au soir – et collés de gel de soir blanc – au poteau quelques gouttelettes, des perles d’eau, figées dans la descente – figée dans la montée, le haut, le bas, dans ces moments-là on n’sait pas – des reflets déposés aux endroits stratégiques, boîtier, phares et chaussée – car c’est quand même très bien pensé – à l’autre bout, des ombres peintes, – ou c’est seulement la nuit venue ? – des étoiles et des araignées – sur le sol nu – on trace le cheminement – en attendant – on s’attend à de l’impromptu – on est prévenu – ça restera inexpliqué – bizarrement, sur la pointe des pieds – un photographe passe et s’enfuit, réapparaît – brume de nuit – il a des appareils partout en bandoulière – Niepce, Kodak, Yashica, Minolta, Nikon, Canon, etc. – il a des souvenirs partout en bandoulière, des ouvertures de portes, des silhouettes, et des vitrines qui racontent – il a des lettres phosphorescentes qui s’allument – et parfois les photos clignotent – on cligne des yeux et ça s’anime – mais il faut être concentré – ou au contraire décontracté – laisser-aller et attentif – c’est compliqué – il a des yeux partout, il attrape – les reflets, chatoiements, halos, images, imitations, réflexions, réverbérations, scintillements, échos des jours drapés – et des reproductions, sépias ou non – il en fallait du temps pour en arriver-là – ce soir-là – et à cet angle-là – et sous cet éclairage ras – feu rouge, feu blanc, feu vert, Vous pouvez traverser, dit la voix
texte : Christine Jeanney
photo : Dominique Hasselmann
brigetoun a dit:
faible de dire j’aime – une pause plaisir – j’aurais dû me précipiter, et vais le faire pour le vis-à-vis
Skif a dit:
Moments magiques, tellement ignorés, ces entre-deux,où nous avons souvent l’impression que la vie gèle et se fige, et puis non, elle afflue et circule, et sous le transparent glacier des jours qui n’ont pas fui que d’élans.
Merci Christine et Dominique. Et je m’en vais de ce pas me transbloguer.
Nomade a dit:
Belle photo que celle de ce tunnel communiquant dans les « Tentatives » invoquées. A faire battre les cils même s’ils sont d’aluminium..
Pierre Chantelois a dit:
Image qui parle, mots qui racontent… je me sens dans un monde si familier.
PdB a dit:
Et pour nous guider le blanc de la canne blanche de la neige elle aussi si blanche
Désormière a dit:
C’est un rêve. Etrangement, au-delà des mots, on croirait entendre les bruits étouffés de pas invisibles, et aussi, venu d’un lieu indicernable, une voix céleste.
biscarrosse2012 a dit:
« …et nous serons fort dépourvus quand la renault sera venue… » La Renault, comme la bise de La Fontaine, serait la réalité de notre affreux quotidien qui peut revenir et malheureusement revient toujours, d’un moment à l’autre, brisant notre rêve, notre pause, notre besoin de stupeur. Émotion.
Dominique Autrou a dit:
L’ébauche d’un sourire sous la ouate (Attention aux cannes blanches en traversin !)
Dominique Hasselmann a dit:
@ tous : merci pour vos commentaires !
Bonheur du Jour a dit:
J’aime bien ce texte. Merci.