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Babel, cathédrales de papier, constructions, Enki Bilal, film "en abyme", La Poussière du temps, orgues, paysages mentaux, prince Orlof, Révolution russe, Theo Angelopoulos
(Paris, 21 février, rue des Récollets, 10e. Agrandir ou non.)
Ce sont des constructions chimériques, apparues au détour d’une rue, un peu comme une BD d’Enki Bilal, et au milieu d’elles un passant qui passe (le chaland n’est pas loin).
Ce sont des échafaudages de rêve – entendu hier soir dans La Poussière du temps, le si beau et dernier film de Theo Angelopoulos, sorti en France le 13 février après cinq ans de purgatoire et la mort accidentelle du cinéaste le 24 janvier 2012 : « la troisième aile [de l’ange] est l’utopie » – qui surplombent le jaune timide du mur.
Ce sont des cathédrales de papier, en noir et blanc, assorties aux visiteurs qui ne les voient peut-être même pas, et dont la finesse laisse présager la durée faible de leur apparition. Les pays traversés ont existé ou existeront.
Ce sont des orgues – comme celui, d’avant la Révolution russe, du prince Orlof dans le film « en abyme » – qui organisent leur musique architecturale et mettent sous cloche diaphane d’autres univers, mondes, villes et campagnes, monticules circulaires où les donjons répondent aux tours de Babel et escaladent jusqu’aux nuages sans témérité aucune.
Ce sont des paysages mentaux voués à la disparition, au vent, à la pluie, aux balais de plastique, éléments ennemis de l’imprévu : mais il aura suffi de les apercevoir le temps d’un battement de cil.