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"Art et Essai", cinéma, expo mairie du Xe, inauguration le 17 avril, Le Louxor, métro Barbès-Rochechouart, Oum Kalthoum, Philippe Pumain
Je ne suis jamais entré dans le cinéma Le Louxor – fermé le 29 novembre 1983 – et lorsque j’ai découvert mercredi dernier, en passant devant elle, que la mairie du Xe présentait une expo (du 25 mars au 25 mai) consacrée à ce lieu mythique, j’ai gravi les quelques marches de son perron.
Là, aucune file d’attente et la gratuité offerte : seulement deux ou trois visiteurs pour retrouver tout le passé de ce cinéma situé en haut du boulevard de Magenta, au carrefour du boulevard de la Chapelle et à côté du métro Barbès-Rochechouart.
Et voilà une nouvelle sensationnelle : le nouveau Louxor (architecte : Philippe Pumain) sera inauguré le 17 avril, une fois le printemps certainement arrivé !
En attendant, il fallait regarder la télé hier soir et « l’oral de rattrapage » (sic) décrété par les médias dominants dans la chasse présidentielle.
Dans l’après-midi, j’étais allé revoir « en vrai » cet ancien temple des films populaires et choisis, classé désormais « Art et Essai », et j’ai pris quelques photos, dont la dernière juste au moment fugace (environ trois secondes) où un rayon de soleil a caressé les hauteurs de l’immeuble au style oriental sauvegardé : comme pour montrer qu’une salle obscure s’accommode toujours de (la) lumière.
(la photo ci-dessus cache une image hors-champ.)
(Cliquer ou toucher les photos pour les agrandir.)
(Oum Kalthoum, Alarab-Faker-Lama-Kont-Jambi)
brigetoun a dit:
merci, moi non plus je n’y étais jamais entrée, et c’était un vrai palais du cinéma c’est vrai…
moi je suis coupable je n’ai pas écouté « l’oral de rattrapage » je préfère constater ce qui se fait (et je lirai tranquillement mais pas dans ce journal là auquel je n’accorde plus d’écrit de rattrapage… préfère encore le monde)
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : Pour Libé, ils croient sans doute qu’en mettant n’importe quoi en couverture ils vont augmenter leurs ventes, mais leur crédibilité décroît malgré ça. On regrette l’époque où Serge July tenait les rênes.
Fabrice a dit:
Merci pour cette note Dominique. Enfant, ayant grandi dans le XVIIIe, je passais souvent devant ce splendide cinéma et y suis entré une seule fois. Apprendre qu’il va enfin sortir des corridors de l’oubli me réjouit !
Dominique Hasselmann a dit:
@ Fabrice : oui, et la grande salle s’appellera Youssef Chahine puisque c’est un de ses films qui avait clôt l’aventure en novembre 1983.
Liliane Langellier (@LaLangelliere) a dit:
Dans la vie, au Louxor, ou ailleurs, heureux celui qui sait voir le rayon de soleil. Si bref soit-il….
Dominique Hasselmann a dit:
@ Liliane Langellier : merci pour votre passage !
biscarrosse2012 a dit:
Je me suis demandé plusieurs fois, même en Italie où l’abondance de soleil fait oublier l’importance de la lumière, si ce n’était pas un délit se cloîtrer dans une salle noire pour voir un film pendant un doux après-midi de printemps, par exemple. D’ailleurs, quand il pleut ou il fait mauvais temps, c’est très logique voir les cinémas assiégés.
La lumière projetée sur un écran blanc dans une salle obscure c’est au fond une consolation, comme la philosophie.
En dehors du cinéma, dans la ville, les deux ou trois secondes de lumière naturelle projetée sur un palais en cours de ravalement ou sur une montagne, ont le pouvoir de déclencher le cinéma en plein air, dans la vie réelle. Ce que d’ailleurs Renato Nicolini, l’inventeur de l’Été romain, appelait le merveilleux « éphémère ».
Dominique Hasselmann a dit:
@ biscarrosse2012 : en sortant d’une salle de cinéma, le passage de l’obscurité au jour (quand il fait jour) produit un contraste parfois saisissant : le soir, on joue plus sur le fondu-enchaîné…
Je regarde votre Renato Nicolini dont je ne connais rien.
jeandler a dit:
Le dieu Rê s’est encore une fois manifesté.
Dominique Hasselmann a dit:
@ jeandler : on attend un long métrage !
PdB a dit:
c’est comme tous les ans :on attend le printemps et il se fait tirer l’oreille (il fait un froid, même de la brume hier soir dans les rues… brrr)… Heureusement, Oum est là, le soleil arrive et l’espoir toujours présent (pour nono, j’ai pas regardé mais j’ai une excuse-et de taille- j’ai jeté ma télé) (un cinéma art et essai à 4 stations de chez moi, on va m’y voir, nom d’un louxor!) (bravo Paris!!!) (et bravo DH !) (j’adore) (belles photos, belle musique, que demander de plus ?) (c’était donc là que tes pas te menaient ces jours-ci…)
Dominique Hasselmann a dit:
@ PdB : tu n’as même pas gardé une radio ? Mais avec tes deux micros, tu dois pouvoir te tenir au courant…
Je te signale que ça va finalement plus vite à pied (j’ai simplement redescendu tout le bd de Magenta) qu’en métro (en partant depuis Jacques Bonsergent, mais devoir changer à gare du Nord, trop long), en tout cas pour moi !
Oui, je pense que la programmation du Louxor sera mitonnée aux petits oignons (ou aux raisins secs).
Elizabeth a dit:
A verser au dossier : voici ce que j’écrivais en… septembre 2008 dans mon blog Sablier aujourd’hui disparu :
« J’apprends par le magazine gratuit de la Ville de Paris (merci Bertrand)que le cinéma Le Louxor, l’ancien Palais du Cinéma, va être réhabilité pour réaliser un équipement cinématographique de trois salles Art et Essai dont une sera dédiée aux cultures du Sud. La Ville avait racheté en 2003 cette salle située à l’angle du boulevard de Magenta et du boulevard de la Chapelle. En mai 2008, elle a désigné l’architecte Philippe Pumain, associé aux architectes Fabre et Speller, pour conduire les travaux de réhabilitation. La réouverture serait envisagée pour fin 2012 ou début 2013.
Cette salle a été réalisée au début des années 1920. Sur la façade néo-égyptienne figure encore l’inscription ‘Louxor-Palais du Cinéma’ « qui confère à ce lieu les dimensions secrètes des vieux temples égyptiens, le côté majestueux du Palais ainsi que la richesse et la magie du cinéma. » (C’est la Ville de Paris qui dit ça mais je le reprends volontiers à mon compte.)
Le Louxor s’inscrit dans une tradition de musique et de cinéma. Il a accueilli Dizzy Gillespie après la guerre, Gilbert Bécaud y a fait ses débuts. Quant au cinéma, il y a été très présent, de Méliès aux films américains, en passant par le cinéma soviétique des années 50 et les films égyptiens et hindi des années 80.
Il a été transformé en boîte de nuit dans les années 1980 (ça s’appelait le Megatown) et a fermé en 1987. Pendant des années sa façade (répertoriée et classée à l’inventaire des Monuments Historiques) a été couverte d’affiches annonçant des concerts de reggae ou de rumba congolaise… C’est sympa de savoir qu’il va connaître une nouvelle vie. »
Dominique Hasselmann a dit:
@ Elisabeth : merci (la fermeture date du 29 novembre 1983, il y a donc presque trente ans !).
Calypso a dit:
Nouvelle sensationnelle, en effet, et voir « mes » deux mairies (Xe et XVIIIe) réunies sur le thème du Louxor (et de l’Egypte) y contribue – et me remémore l’époque où nous allions voir dans des salles enfumées danser Samiaa Gamal et écouter Farid El Atrache jouer de l’oud et chanter. On buvait alors beaucoup de whisky dans les films égyptiens…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Calypso : j’ai encore des cassettes de Farid El Atrache, achetées au Maroc, mais il faudrait des piles dans mon ancien « Walkman »…
C’est vrai qu’à l’époque on pouvait aussi fumer dans les salles de cinéma, ce qui est impensable aujourd’hui (bientôt, partout dehors, ce sera interdit, comme déjà dans certains « jardins d’enfants »).
Calypso a dit:
@ D.H. : Et la parité ? Samiaa Gamal est la première à avoir dansé avec des talons hauts !
@ Calypso : vous avez raison de l’avoir rajoutée mais je ne la connaissais pas… D.H.
Calypso a dit:
@ D.H. : quand elle apparaissait sur l’écran, le silence se faisait dans la salle, une qualité de silence qu’on ne trouvait guère à l’époque que, par exemple, quand Cyd Charisse se montrait sur les écrans du Studio Parnasse ou de la Pagode !
@ Calypso : je me demande si ces images sont encore autorisées sous l’empire des Frères musulmans… D.H.
Calypso a dit:
@ D.H. : évidemment non ! La musique, oui (et pourtant la plupart des chansons de Farid El Atrache entretenaient autant de rapports avec la religion que les quatrains d’Omar Khayam). Le Louxor ne pourrait que s’honorer en montrant aussi le cinéma égyptien d’avant Chahine. « A chaque fois tout recommence / Toute musique me séduit / Et la plus banale romance / M’est l’éternelle poésie »… Il y a évidemment une parenté avec le flamenco (avec ou sans talons hauts), la musique arabo-andalouse, gitane (ah ! les frères Dimitrievitch !), und so weiter.
@ Calypso : quelle régression (ma question était faussement naïve) depuis l’époque où le président Gamal Abdel Nasser (après son élection en 1956) pouvait se moquer publiquement de certains hommes qui prétendaient imposer aux femmes, en Égypte, le port du voile.
Quant à la programmation du Louxor, on peut faire confiance à ceux qui ont été désignés aux manettes.
Aragon restera toujours (avec, par exemple, son interprète Ferré) un poète ayant aimé les étrangers et « étrangères ». D.H.
Calypso a dit:
@ LTAG : ce qui est « épatant » (comme disait Arletty) avec D.H. c’est que son érudition est aussi grande que sa maîtrise de l’objectif, ce qui n’est pas peu dire… En effet, ce discours de Nasser qu’il m’arrive de revoir certains soirs de déprime après avoir pris connaissance des dernières nouvelles du Caire, mériterait de passer avant le film, au Louxor, comme autrefois passaient les « actualités » Gaumont ou Pathé… Ferré chantait bien « L’étrangère », Montand aussi.
@ Calypso : cette intervention de Nasser est toujours réjouissante à regarder (car elle est assez connue) et nous rappelle, hélas, que l’Égypte a bien (ou plutôt… mal) changé depuis !
Pour Aragon, je préfère l’interprétation de Ferré, il a plus de lyrisme, je trouve. D.H.
Francesca a dit:
La réouverture d’un tel lieu réjouit et que je n’y aie jamais mis un pied du temps de sa splendeur ajoute à l’envie de voir ça !
En attendant, expo à la mairie du Xème aujourd’hui même. Merci de ce bel article, Dominique !
@ Elizabeth : ces informations riches me font regretter la disparition – volontaire ? – de votre « Sablier » que je n’ai pas connu…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Francesca : s’il n’y avait pas eu la mobilisation des habitants de ce quartier et la création d’une association, le cinéma aurait fini par être transformé en « palais du vêtement » siglé Tati ou en hôtel trois *** ou quatre ****.
potaux a dit:
Je pense à Bernard Dimey, mort en 1981.
« Les enfants de Louxor ont quatre millénaires
Ils dansent sur les murs et toujours de profil
Mais savent sans effort se dégager des pierres
A l’heure où le soleil se couche sur le Nil. »
Dominique Hasselmann a dit:
@ potaux : joli !
Wanatoctoumi a dit:
Pas mécontent de profiter de la visite, grâce à toi ! J’ignore tout de ce lieu, sauf que je l’ai observé à de multiples reprises, en passant par là, au cours des années… et me suis interrogé sur ce que pouvaient bien cacher ces palissades.
Ce sera donc un prochain but de promenade lorsque je viendrai à la capitale.
Merci Dominique.
-W-
Dominique Hasselmann a dit:
@ Wanatoctoumi : on ne peut effectivement le manquer à ce carrefour. Il suffira maintenant de regarder les horaires des séances !
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allerarom a dit:
Merci pour la découverte. Fabuleux endroit où je ne manquerai pas d’entrer quand j’irai à nouveau dans ce quartier .Jocelyne T
Dominique Hasselmann a dit:
@ allerarom : je pense en effet que « la première séance » vaudra le déplacement !
Martine Pavageau a dit:
Cet article donne vraiment envie d’aller voir ce magnifique cinéma. Son nom magique me fait penser à tous les beaux noms que les cinémas avaient à une certaine époque : exemple à Besançon, où Dominique a habité quelque temps : le Styx, le Pax, l’ Aiglon, Plazza Lumière, le mythique CG au nom étrange et mystérieux, le Vox, le Building … des noms qui nous faisaient rêver, nous savions déjà que nous entrions dans un autre monde.
C’ était quand même plus poétique que Pathé Gaumont ou autres.
Nostalgie quand tu nous tient……..
Martine, la Bisontine
Dominique Hasselmann a dit:
@ Martine Pavageau : une page bisontine (avant la nancéienne, rue des Jardiniers)…
Tu as raison pour les noms des cinémas : ce n’étaient pas encore des chaînes ou des « multiplexes »é et chaque « exploitant » pouvait rivaliser d’invention personnelle !
Je me souviens aussi du CG (souvent, je me suis demandé aussi ce que voulaient dire ces initiales), et à Valenciennes – ceci dit pour Potaux – du Novéac où j’ai vu « Les Mines du Roi Salomon » – à la sortie j’avais dit à mon frère : « Ce sont les mines du roi Monsalaud ! »
Louxor : un nom sans chaînes !
Merci de ton passage…
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