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"Proêmes", Francis Ponge, Le parti pris des choses, Paris, photographie
« L’esprit, dont on peut dire qu’il s’abîme d’abord aux choses (qui ne sont que riens) dans leur contemplation, renaît, par la nomination de leurs qualités, telles que jusqu’au lieu de lui ce sont elles qui le proposent.
Hors de ma fausse personne c’est aux objets, aux choses du temps que je rapporte mon bonheur lorsque l’attention que je leur porte les forme dans mon esprit comme des compos de qualités, de façons-de-se-comporter propres à chacun d’eux, fort inattendus, sans aucun rapport avec nos propres façons de nous comporter jusqu’à eux. Alors, ô vertus, ô modèles possibles-tout-à-coup, que je vais découvrir, où l’esprit tout nouvellement s’exerce et s’adore. »
Francis Ponge, Proêmes, « Ressources naïves » (in Le parti pris des choses, Poésie/Gallimard, 1967, page 165).
(Photos prises à Paris le 7 septembre. Cliquer pour agrandir.)
Liliane Langellier (@LaLangelliere) a dit:
« Alors, ô vertus, ô modèles possibles-tout-à-coup, que je vais découvrir, où l’esprit tout nouvellement s’exerce et s’adore. »
Nos mots… Nos mots sont si pauvrement vêtus à côté des habits chatoyants des poèmes de Francis Ponge…
Même la môme Piaf en croise les bras !
Dominique Hasselmann a dit:
@ Liliane Langellier : « Paris Match » avait donné peu de place, sur sa couverture, à Cocteau, pourtant décédé le même jour : mais le sous-titre de l’autre numéro, à côté de la photo d’Hemingway, vaut son pesant de littérature !
brigetoun a dit:
revenu ! je tente commentaire
juste pour dire que les choses viennent se composer en images superbement construites devant votre oeil et votre appareil (la première photo surtout)
et accessoirement que m’agace un peu de savoir que le commerce fera son miel de toutes les choses comme des affiches de notre jeunesse
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : rien n’échappe à la récupération (ou à la reproduction : voir les 33 tours vinyl ressortis tels quels, avec copie des pochettes d’origine, pour la collection de jazz Blue Note)…
En même temps, ce n’est donc pas perdu !
lizagrèce a dit:
Pas donné Paris Match !
Dominique Hasselmann a dit:
@ lizagrèce : certains les gardent, d’autres les vendent…
jeandler a dit:
Comment ne pas aimer le vélo jaune pour toréro.
Baisse la tête, t’auras l’air d’un coureur.
Dominique Hasselmann a dit:
@ jeandler : vu la hauteur de la selle, on imagine un toréro de très grande taille !
Christiane a dit:
« L’esprit, dont on peut dire qu’il s’abîme d’abord aux choses dans leur contemplation… »
Morandi…
Tout n’est pas transmutation en paroles. Votre quête photographique est aussi une métamorphose du regard. Qui sait ce que ces paysages urbains, ces couvertures de revues anciennes, ces corps, ces objets … ont fait surgir en vous ? Entre humour et gravité, tâtonnant dans un mouvement de foule. Regards…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Christiane : oui, mais ce serait redondant (ou pesant) que d’écrire ce qu’il peut y avoir derrière ces photos qui peuvent, pour chacun(e), évoquer aussi ceci ou cela…
Christiane a dit:
Mais j’apprécie que ces pensées ne soient pas exprimées autrement que par ces photos et, parfois, ces citations. C’est un jeu de devinettes laissant à vos visiteurs l’espace des questionnements…
@ Christiane : vous avez deviné – mais on peut faire aussi de multiples usages de la photographie… D.H.
Raoul Pantanella a dit:
Je n’en choisis qu’une : celle des cartes postales libertines et surannées, en N&B ou sépia, près du pont où tant d’eau de la Seine a coulé depuis… J’imaginais ce qui n’est jamais dit dans la chanson : que sont devenues, après, ces demoiselles du temps jadis, ces dames au salon pour la pose, supports des masturbations bourgeoises, prolétaires et juvéniles ? Des vielles dames plus ou moins dignes finissant dans des logements loi 48 et qui venaient parfois se contempler aux étalages des bouquinistes ?… Qui sait ?
Tes photos sont toujours plus loquaces qu’il n’y paraît au premier clic.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Raoul Pantanella : oui, il faudrait pouvoir retrouver ces personnes (comme il y a encore deux survivants d’Oradour-sur-Glane… même si la comparaison est disproportionnée !) et entendre leurs témoignagnes.
Elles nous aident néanmoins à imaginer, par leurs poses, une certaine sociologie de l’époque…
(Merci pour ta visite depuis Camps-la-Source !)
biscarrosse2012 a dit:
J’arrive en retard pour souligner, avec la plupart des intervenus, la parfaite cohérence entre cette philosophie poétique du regard vers les choses et/ou rebondissant des choses mêmes, et ce merveilleux travail quotidien de D.H. qui se traduit, au jour le jour, en véritable « portrait inconscient » de Paris !
Dominique Hasselmann a dit:
@ biscarrosse2012 : et je réponds avec retard… (oubli d’appuyer sur la touche « envoi ») : grand merci (même si c’est trop !).
potaux a dit:
« C’est ma vie, il faut bien que je le reconnaisse
(…)
Un beau soir l’avenir s’appelle le passé
(…) »
Aragon
Nous voyons sur les murs des affiches sur le pouvoir à prendre aux banques ou sur la retraite à soixante ans qui ressemblent à celles de 1968.
Irions-nous vers de nouveaux printemps?
Dominique Hasselmann a dit:
@ potaux : certains slogans demeurent avec leur force, même vendus sur le trottoir…
PdB a dit:
Bravo pour prendre parti pour les choses (je suis pour : et je te suis sur les lieux -car ce sont, aussi, des choses : la place saint andré des arts (magnifiquement décrite photos à l’appui – p185 à 213, article « Marville »-par Graham Robb, « Une histoire de Paris par ceux qui l’ont fait » Champs Histoire), le pont Saint Michel et le quai des Orfèvres, le pont Neuf au loin, les affiches et les unes de match chez les bouquinistes du quai de Gesvres (je me souviens du jour de la disparition de Piaf et Cocteau qui était le même de 63, elle le 10, lui le 11 octobre, et le 22 novembre kennedy, j’avais dix ans…), comme le cabriolet de chez porsche) (évoquer, susciter, remémorer : tes photos sont des témoins, et toi aussi tu inventes notre Paris quotidien…) (on commente pour t’en remercier…)
Dominique Hasselmann a dit:
@ PdB : merci pour ces compliments… mais tu en es un autre !!!
Il suffirait de créer une agence (pour remplacer celles qui ont plus ou moins disparu) !
– Concernant la mort de Piaf puis celle de Cocteau, les précisions chronologiques peuvent être trouvées ici.
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burntoast4460 a dit:
Dans un registre plus noir, François Bizot qui a été prisonnier des Khmers Rouges et du fameux Duche, ne croyait plus en l’homme, mais seulement aux choses (in « Le Portail »). On le comprend.
Dominique Hasselmann a dit:
@ bruntoast4460 : il faut parfois choisir…
gballand a dit:
« Choisissons notre terrain de combat » : Non aux partis-pris ! 😉
Dominique Hasselmann a dit:
@ gballand : il faut parfois prendre parti (bis) !