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« Du détroit d’indigo aux mers d’Ossian, sur le sable rose et orange qu’a lavé le ciel vineux viennent de monter et de se croiser des boulevards de cristal habités incontinent par de jeunes familles pauvres qui s’alimentent chez les fruitiers. Rien de riche. – La ville !
Du désert de bitume fuient droit en déroute avec les nappes de brume échelonnées en bandes affreuses au ciel qui se recourbe, se recule et descend formé de la plus sinistre fumée noire que puisse faire l’Océan en deuil, les casques, les roues, les barques, les croupes. – La bataille !
Lève la tête : ce pont de bois, arqué ; les derniers potagers de Samarie ; ces masques enluminés sous la lanterne fouettée par la nuit froide ; l’ondine niaise à la robe bruyante, au bas de la rivière ; les crânes lumineux dans les plants de pois,  – et les autres fantasmagories, – la campagne.
Des routes bordées de grilles et de murs, contenant à peine leurs bosquets, et les atroces fleurs qu’on appellerait cœurs et sœurs, Damas damnant de longueur, – possessions de féériques aristocraties, ultra-Rhénanes, Japonaises, Guaranies, propres encore à recevoir la musique des anciens, – et il y a les auberges qui pour toujours n’ouvrent déjà plus ; – il y a des princesses, et, si tu n’es pas trop accablé, l’étude des astres, – le ciel.
Le matin où, avec Elle, vous vous débattîtes parmi les éclats de neige, les lèvres vertes, les glaces, les drapeaux noirs et les rayons bleus, et les parfums pourpres du soleil des pôles, – ta force. »

Arthur Rimbaud, Les Illuminations, XXVIII, MÉTROPOLITAIN.

Vendredi soir, j’étais arrivé un peu en avance à Bastille et je suis allé revoir la statue du poète près de l’Arsenal  – un gabarit de livres, de poèmes et de fusils – installée là (en 1985) par Ipousteguy avec l’inscription malicieuse « L’homme aux semelles devant ».

Au restaurant Chez Margot, boulevard Henri IV, choisi pour fêter l’anniversaire d’André Rougier, en compagnie

d’Anne Savelli,

Élisabeth Legros-Chapuis

et Joachim Séné

(en l’absence regrettée d’Isabelle Pariente-Butterlin et de Mathilde Roux),

j’étais assis en face de Christophe Grossi (obligé par la loi de sortir pour aller fumer une cigarette en cachette) et nous avons parlé tout à trac de la maternité des Lilas puisque la date limite de l’accouchement de sa femme était prévue le 30 octobre, pas de souci !

Samedi soir, par un SMS envoyé à 21:53, Christophe nous apprend que sa fille est née le jour-même, « un peu avant midi ».

En fête, on aurait pu déboucher le champagne quelques heures à l’avance !

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(Photos : cliquer ou bouger pour grandir.)