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(Photo prise le 10 décembre vers Antony. Le pavillon peut être agrandi.)
Le mot « pavillon », malgré ses multiples acceptions, quand je regarde ce type de maison, me fait penser à une trompette de jazz ou à un saxo, non pas que l’architecture ainsi déployée sonne forcément haut et fort, mais plutôt bluesy :
— un cube minimal de béton ;
— un toit en V renversé ;
— deux cheminées pour la symétrie ;
— une minuscule échauguette ;
— deux fenêtres assez larges ;
— des parements en dessous, genre briques, ou au-dessus des ouvertures ;
— une grande porte d’entrée en bois, vers le jardin (et le garage ou l’atelier du bricoleur ?) et sans doute une autre sur le mur de droite qui devrait permettre l’accès à la maison ;
— une grille couleur bordeaux avec les interstices obturés pour éviter les regards indiscrets (on ne sait jamais).
Dans cette simplicité apparente, je vois le rêve concrétisé de l’habitation personnelle, du nid à la périphérie de la ville, même au bord de la rue passante, avec la lumière des phares, à cause du jour faiblissant, qui se reflète dans la voiture, mini elle aussi, garée devant la petite propriété.
Je vois aussi (si je me mets toujours dans la peau de Madame Irma) un couple âgé, les enfants sont peut-être déjà partis ailleurs, ils ne restent donc plus qu’eux deux pour faire les courses dans la journée, ou une fois par semaine chez Cora, et de temps en temps le ménage, et puis regarder la télé le soir.
La vie s’écoule ainsi sans accrocs, sans à-coups – on ne redoute que la maladie ou le décès de membres de la famille dispersée dans l’hexagone – les histoires politiques comme la comedia dell’arte de l’UMP ou la fin du feuilleton DSK, ou « l’exil » fiscal de Gérard Depardieu en Belgique, dans l’ancien siège de la douane de Néchin (le pied-de-nez est amusant, faut dire !) pimentent sur l’écran du 20 heures la répétition monotone des jours.
Dans le jardinet limité devant se dresse un arbre vert qui n’est pas réduit à l’état d’un tronc avec moignons comme l’autre qui campe sur le trottoir : à Noël, on pourrait y entortiller une guirlande lumineuse et clignotante et ficeler aux branches quelques boules multicolores, il servirait ainsi de sapin de Noël.
(Chet Baker, Alone Together)