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"La France aux Français", dénomination, Famille, FN, Front national, gauche rassemblée, Gérard Miller, idées, Lucien Rebatet, Patrie, père et fille Le Pen, Pétain, travail
Quelle information ! Le Front national (FN) veut se refaire une beauté, de préférence nationale, en juin et avait déjà, par précaution, déposé auprès de l’Inpi une nouvelle dénomination : « L’Alliance pour un rassemblement national » (ARNold Schwarzenegger ?), qui ne semble pas d’ailleurs devoir être celle retenue in fine.
Car cela change tout ! Le discours de la fille Le Pen, cheffesse du FN, sur la trilogie TFP (ne pas confondre avec FTP) : « Travail-Famille-Patrie » – reprise in extremis (ou in extrême droite) par le Président-sortant – se consolide avec les refrains déjà entendus sur l’Europe-bête noire (et immonde ou « passoire » selon Nicolas Sarkozy), l’euro, les immigrés, l’insécurité, la Nation disparue et peut-être même la météo capricieuse.
Pendant ce temps-là, le candidat de la gauche rassemblée entend et comprend la situation du pays, dont il a l’intention ferme de renverser le cours.
Juste un petit rappel historique pour les Le Pen, fille et père (la blonde, la brute… et le truand ?) :
« La France aux Français ! » C’est un des effets les plus notables du discours pétainiste, que cette expression puisse devenir un slogan national, officialisé par un article célèbre du Temps, sans que personne y lise un appel même allusif à la résistance contre l’occupant. Au moment où la souveraineté de Vichy ne s’étend que sur une « zone » étroitement surveillée par les Allemands, on s’en prend à la IIIe République, qui n’a pas su faire respecter la nationalité française en acceptant la présence et la naturalisation de trop d’étrangers.
Lucien Rebatet, responsable du Journal parlé de Paris, n’offense pas le bon ton pétainiste lorsqu’il se vante de repérer dans son courrier les lettres des « Français de fraîche date » dès les premiers mots : « Modeste ouvrier métallurgiste, père de sept enfants dont deux prisonniers », ou encore : « Simple agriculteur du Forez, catholique pratiquant, ancien combattant trois fois blessé en 1914, ayant élevé ma nombreuse famille dans la foi de mes pères (1). »
Si la chasse à l’étranger prend cette importance obsessionnelle chez les vichyssois, c’est pour faire oublier que les vrais Français étaient devenus sur les routes de l’exode étrangers dans leur propre pays. Alsaciens ou Lorrains, ils ont dû devenir allemands ; habitant la zone occupée, ils doivent vivre à l’heure de Berlin : les horloges sont retardées pour coïncider avec le temps du Reich, et c’est en pleine nuit que les enfants se rendent à l’école.
Pour aller de France en France, il faut passer par une frontière allemande. Cette expérience quotidienne du déracinement rend nécessaire un discours qui la démente.
Avec la débâcle, tout s’est trouvé confondu. Il s’agit maintenant de retrouver le sens des distinctions. Être raciste, n’est-ce pas comme être amoureux selon Bernard Shaw ? Exagérer démesurément la différence entre un être et un autre. Le gouvernement de Vichy va tout de suite très vite : Pétain reçoit les pleins pouvoirs le 10 juillet 40 ; le 16 est décrétée la loi relative à la procédure de déchéance de la qualité de Français ; le 22, la loi relative à la révision des naturalisations ; le 23, la loi relative à la déchéance de la nationalité française, à l’égard des Français qui ont quitté la France entre le 10 mai et le 30 juin 1940 (il s’agit notamment des personnalités qui se sont embarquées sur le Massilia, de de Gaulle et des premiers gaullistes).
Désormais, espère-t-on à l’hôtel du Parc, les Français seront vissés à la France pétainiste. Et le racisme reconstitue de nouvelles frontières. »
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(1) Lucien Rebatet, Les Décombres, éd. Denoël, 1942.
Gérard Miller, Les pousse-au-jouir du maréchal Pétain, Editions du Seuil, 1975 (pages 180-182).
(Scan : cliquer pour agrandir.)
(André Dassary, Maréchal, nous voilà !)