Étiquettes
ciel, fiction, Jorge Luis Borges, nuages, Ray Charles, silence
Un texte sans rien
apocalypse noms
même pas une trace de noir sur blanc
des signes incompréhensibles
phonèmes barbarismes borborygmes
cris inventés
illisibles
parce qu’invisibles ou inaudibles
dénués de syntaxe
destination non prévue
sur la cartographie satellitaire
des GPS intégrés dans les mémoires
par des puces RFID
cette page ne devrait pas se remplir
de caractères sévères
enrégimentés
limités et définis
d’autres tracés attendent
ils tissent leur toile ailleurs
comme un fin tamis de fer
ces mots ne signifient rien
qui transportent-ils à part des voyageurs aveugles
Jorge Luis Borges chante un blues
et Ray Charles écrit sur du sable
ils s’envoient des lettres en braille
leurs doigts demeurent agiles
machine à écrire perdue ou piano d’ébène
toujours des claviers mal tempérés
musique assourdissante et lumière éteignoir
voilà le malheur mineur
des nuages jouent à chat perché
le ciel est notre respiration à l’œil
l’océan ne sépare pas
même s’il tempête
le silence de la fiction
(Photo : Boulogne-sur-Mer, le 27 mai. Cliquer pour agrandir.)
(Gerry Mulligan & Chet Baker, Frenesi)