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De Saint-Quentin-la-Poterie (Gard), le 26 juillet, à Toulouse, deux jours après, parcours escarpé et place « rose », avec orage carabiné le 28, et puis cette librairie – la petite – qui me fait replonger par son nom dans les phrases d’un auteur fuligineux.

« Il chante pour lui seul et non pas pour ses semblables. Il ne place pas la mesure de son inspiration dans la balance humaine. Libre comme la tempête, il est venu échouer, un jour, sur les plages indomptables de sa terrible volonté ! Il ne craint rien, si ce n’est lui-même ! Dans ses combats surnaturels, il attaquera l’homme et le Créateur, avec avantage, comme quand l’espadon enfonce son épée dans le ventre de la baleine : qu’il soit maudit, par ses enfants et par ma main décharnée, celui qui persiste à ne pas comprendre que les kanguroos implacables du rire et les poux audacieux de la caricature !… Deux tours énormes s’apercevaient dans la vallée ; je l’ai dit au commencement. En les multipliant par deux, le produit était quatre… mais je ne distinguai pas très bien la nécessité de cette opération mathématique. Je continuai ma route, avec la fièvre au visage, et je m’écriais sans cesse : « Non… non… je ne distingue pas très bien la nécessité  de cette opération d’arithmétique ! » J’avais entendu des craquements de chaînes, et des gémissements douloureux. Que personne ne trouve possible, quand il passera dans cet endroit, de multiplier les tours par deux, afin que le produit soit quatre ! Quelques-uns soupçonnent que j’aime l’humanité comme si j’étais sa propre mère, et que je l’eusse portée neuf mois dans mes flancs parfumés ; c’est pourquoi je ne repasse plus dans la vallée où s’élèvent les deux unités du multiplicande ! »

Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, Œuvres complètes, Les Chants de Maldoror, Chant quatrième (Livre de poche N° 1117/1118, pages 224-225, éd. 1963.)

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(Claude Nougaro, Toulouse)