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(Photo prise hier. Cliquer pour agrandir.)

– On n’est jamais trop prudents !

– Tu dis ça pourquoi ?

– Parce que, même sur les chantiers, ils attachent leurs machines…

– C’est quoi ce truc, un compresseur, un groupe électrogène ?

– Je n’en sais rien, mais Marx disait que les prolétaires devaient se débarrasser de leurs chaînes : là, ce sont les outils qui se retrouvent prisonniers.

– Oui, mais plus rien n’est sûr, tu tournes un instant la tête, ton vélo a disparu, sans compter la montée du « racisme anti-Blancs »…

– Heureusement, ici il y a surtout des travailleurs immigrés !

– Ils vont nous mettre en scène une belle place de la République, celle à laquelle ils doivent tant.

– Je ne sais pas s’ils se rendent compte du privilège qu’ils ont de pouvoir lui refaire une beauté…

– Imagine-la, cette femme fière, une fois dévêtue de son manteau de ravalement – une sorte de gigantesque burqa en plastique posée sur son squelette tubulaire – elle va illuminer l’endroit, et même l’envers, elle sera l’épicentre de tous les regards et des convoitises…

(Photo prise le 5 septembre. Cliquer pour agrandir.)

– La République nous appelle ! Tu sais qui l’avait sculptée ?

– Non. Bartholdi ?

– Tout faux ! C’étaient les frères Léopold et Charles Morice (Lucien n’était pas né). Seulement, il y a beaucoup de bas-reliefs à astiquer.

– Mais tout autour, il est prévu quoi ?

– Rassure-toi, le piéton sera roi, rafraîchi le jour, éclairé le soir : un vrai parc de loisirs.

– J’espère qu’ils vont virer ces amoncellements de pavés, ça rappelle de mauvais souvenirs…

– T’inquiète ! J’ai entendu dire qu’au Centre Pompidou, avec ces surplus récupérés, ils allaient reconstituer une « vraie » barricade de Mai 68, un peu comme à Berlin on trouve encore des morceaux du mur abattu en 1989.

– Tout finit par des musées, ça rassure, finalement ! Ce serait comme une expo-scission…

– Oui, l’Histoire, à la longue, est toujours payante.

(Photo prise hier. Cliquer pour agrandir.)