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A Love Supreme, Editions de l'éclat, John Coltrane, Michel Delorme
En repérant, l’autre jour, ce petit livre sur le grand Coltrane en devanture de la librairie La Plume vagabonde, rue de Lancry (Paris, 10e), je n’ai pu m’empêcher de céder à la tentation (7 €). Il s’agit d’un recueil de trois interviews du saxophoniste réalisées par Michel Delorme en 1962, 1963 et 1965, et d’une lettre adressée à Don DeMichael en 1962 (Editions de l’éclat, octobre 2011).
(Scan : cliquer pour changer de point de vue.)
Il est rare de pouvoir lire et entendre ainsi la voix même de John Coltrane, ses réflexions fines et sensibles sur la musique, le jazz, la création individuelle ou collective, la composition et l’improvisation, le concert, le public (la peinture aussi, puisqu’il lisait un ouvrage sur Van Gogh)…
Alors, extrait ci-dessous (pages 63 et 64) d’une de ces interviews passionnantes, « pour ceux qui aiment le jazz » (propos recueillis par Michel Delorme et Claude Lenissois dans Jazz Hot, N° 212, septembre 1965) :
« – Depuis que vous avez quitté Miles, avez-vous le sentiment que votre style a changé ?
– Non. C’est toujours la même musique, à quelques détails près. D’une certaine manière, je pense mieux contrôler ma technique mais, en deux heures de travail, je ne fais rien que je ne connaisse déjà.
– Selon quels critères avez-vous choisi vos musiciens ?
– Je n’ai jamais rien à leur dire, ils savent toujours ce qu’ils doivent faire et sont constamment inspirés. Je sais que je peux toujours compter sur eux et cela me donne confiance. Il y a entre nous une parfaite communion musicale qui ne tient pas compte des valeurs humaines. Même dans le cas de Love Supreme, sans discuter, je me contente de fixer le plan de l’œuvre. C’est simplement douze mesures mineures, développées, qui forment la trame de la dernière partie, c’est un blues en mineur. La première partie ne comporte pas un nombre défini de mesures et la partie centrale est composée de trois groupes de huit mesures. Pour moi, quand je passe d’un moment calme à une tension extrême, il n’y a que des facteurs émotionnels qui m’y poussent, à l’exclusion de toute considération musicale.
– John Coltrane, puis-je vous demander pour conclure ce que vous nous réservez pour l’avenir ?
– Je ne sais pas encore. Je cherche de nouveaux terrains à explorer. Physiquement, je ne peux pas aller au-delà de ce que je fais actuellement dans la forme que je pratique. Cela m’effraie toujours un peu de penser que je vais devoir encore changer. Très souvent, quand je suis à un tournant, je repousse l’échéance afin que tout le monde puisse me comprendre avant que j’aie déjà changé. »
A Love Supreme : 9 décembre 1964. Mort de John Coltrane : 17 juillet 1967.
Fabrice a dit:
Belle rencontre Dominique ! Le merveilleux Coltrane, si discret parce qu’au-delà des époques et des modes. Merci pour ce partage.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Fabrice : heureux d’avoir un signe (peut-être cabalistique) de toi !
J’ai hésité à mettre la vidéo intégrale, mais cela aurait été dommage de couper cette oeuvre.
Sophie K. a dit:
« Blue Trane », c’était le titre du doc de mon père sur le grand Coltrane… :0) Merci de cette oasis, Dom.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Sophie K. : toujours lu, jamais oublié, Philippe Koechlin, une référence en matière de jazz.
brigitte giraud a dit:
Ca me rappelle que j’ai vu Miles Davis, il y a des années et que c’était un immense moment.
Un chapiteau pas si grand que ça, dans une ville en bord de mer. Magique !
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigitte giraud : rien ne vaut évidemment la présence physique (j’ai vu Miles Davis et John Coltrane à Antibes-Juan-les-Pins, et la dernière prestation de Miles en juillet 1991 à La Villette).
Qui regardera la vidéo ici dans son intégralité ?
gballand a dit:
« je pars d’un point et je vais le plus loin possible », voilà un chemin que tout un chacun pourrait prendre ;.)
Dominique Hasselmann a dit:
@ gballand : traduire « Vade mecum » en américain…
carole laura a dit:
dans ce monde virtuel où tout va vite, où l’on ne prend plus le temps, je le prendrai cependant pour regarder la vidéo dans son intégralité. donc rendez-vous en janvier 2012 🙂
Dominique Hasselmann a dit:
@ carole laura : une ascension lente est recommandée.
Sorcière a dit:
J’ai pris beaucoup de plaisir à regarder/écouter la vidéo dans son intégralité. Mon beau-père Américain était intarissable sur Coltrane … Je comprends mieux maintenant ce qui pouvait les lier.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Sorcière : Yes indeed !
Olivier SC a dit:
Même un jour après, quel grand et agréable moment ; merci !
Dominique Hasselmann a dit:
@ Olivier SC : intemporel…