Étiquettes
"La distance au personnage", "Le Chasse-clou", bathyscaphe, carte postale, commandant Cousteau, Dominique Autrou, Gustave Courbet, La Femme au Podoscaphe, Muraushi Art Museum de Tokyo, Ornans
« Je tiens aussi que la peinture est un art essentiellement concret et ne peut consister que dans la représentation des choses réelles et existantes. C’est une langue toute physique, qui se compose, pour mots, de tous les objets visibles, un objet abstrait, non visible, non existant, n’est pas du domaine de la peinture. »
Gustave Courbet, Peut-on enseigner l’art ? (L’Échoppe, 1986, page non numérotée.)
(Cliquer pour retourner l’image.)
Je ne savais plus trop où elle était, parfois je pensais pourtant à cette vision fugitive, une sorte de rêve maritime ou la mise à plat (à la surface) d’une figure artistique improbable.
Et hier matin, en lisant le dernier « post » paru sur le blog de Dominique Autrou, La distance au personnage, le déclic s’est produit : j’ai repensé au tableau La Femme au Podoscaphe, de Gustave Courbet (1865) dont j’avais, le 8 décembre 2009, mis la reproduction sur Le Chasse-clou, pour illustrer le texte d’un collaborateur quelque peu intermittent.
J’ai finalement retrouvé, dans l’après-midi de vendredi, la carte postale que j’avais scannée, longtemps après l’avoir achetée au musée d’Ornans, bien avant sa rénovation, et j’en fus soudain heureux.
Cette « esquisse » de tableau (qui ne figurait déjà plus sur les tourniquets du bâtiment moderne jouxtant la maison natale du peintre franc-comtois) m’a toujours plu par son étrangeté – on connaît surtout le batyscaphe du commandant Cousteau ! – et la tonalité générale qui s’en dégage.
A-t-on jamais vu si belle femme piloter un tel engin ? Elle semble sereine et émancipée, elle esquisse (aussi) un sourire tandis que ses yeux se ferment sans doute à cause des embruns, et sa chevelure abondante lui sert carrément de voile pour accélérer la manœuvre.
Elle se tient fermement assise sur son siège ergonomique et bien ancrée sur ses jambes (on ne chipotera pas sur les pieds rapidement dessinés), elle sait où elle va et les flots, ainsi, ne lui résistent pas.
Sur sa gauche, une mouette plonge hardiment près d’elle, comme pour l’accompagner de sa présence ailée. Ainsi, elle n’est pas seule, avec, en plus, le regard de Courbet jusqu’à la mer. Les deux étraves – comme celles d’un catamaran, oui, exact, cher D. A. – ne s’en laissent pas compter par les vagues tandis que la femme amphibie manie la pagaie avec aisance : l’extrémité en l’air ressemble à un soleil.
L’horizon est légèrement penché mais les nuages filent de manière pacifique.
Ce tableau, finalement pas si « réel » que ça, ne peut être vu ni à Ornans ni au musée d’Orsay à Paris : il faudrait se déplacer jusqu’au Muraushi Art Museum de Tokyo pour pouvoir l’admirer « en vrai ».
Voilà, après tout, un autre but de voyage.
(Agrandir les images d’un clic ou d’un geste du doigt.)
Liliane Langellier (@LaLangelliere) a dit:
Oups… J’ai failli en prendre une tasse d’émotion… Pourriez-vous m’indiquer l’adresse exacte de votre vendeur de mots… J’ai quelques commandes à lui passer… Avant que ne meure la vague…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Liliane Langellier : je vous la communique sur le champ.
brigetoun a dit:
l’ai toujours aimé (découvert il y a très très longtemps par l’intermédiaire de Connaissance des arts) cette femme aux gros mollets et cheveux que le vent arrive à peine à remuer, qui flotte curieusement sur l’eau, un peu de travers
(ne sais pas pourquoi votre blog refuse d’enregistrer mon j’aime ce matin)
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : une vue (de l’esprit ?) qui ne ressemble à aucun autre Courbet.
La première fois que je l’ai aperçue, je n’ai jamais pensé que c’était de lui…
brigetoun a dit:
ah non ça y est !
dominique autrou a dit:
Changement radical de carte postale !
Les vagues, qui pourtant en ont vu d’autres, écument de plaisir.
Dominique Hasselmann a dit:
@ dominique autrou : la « patte » de Courbet, ici, m’est revenue grâce à ton escapade inventive…
biscarrosse2012 a dit:
« …sa chevelure abondante lui sert carrément de voile pour accélérer la manœuvre » : merveilleux !
Dominique Hasselmann a dit:
@ biscarrosse : j’ai pensé aussi à une pieuvre capillaire… mais il ne fallait pas en rajouter !
Chesnel Jacques a dit:
embarquement immédiat !
Dominique Hasselmann a dit:
@ Chesnel Jacques : par temps agité, ça va jazzer !
biscarrosse2012 a dit:
Et vive l’agrandissement !
Dominique Hasselmann a dit:
@ biscarrosse2012 : comme pour les portraits (inconscients ou pas)…
Julien Boutonnier a dit:
Étrange peinture en effet, comme une surfin’ Annonciation (la mouette esprit saint !).
Dominique Hasselmann a dit:
@ Julien Boutonnier : quelques années plus tard, Courbet s’illustrera lui-même… lors de la Commune !
Zoë Lucider a dit:
Où DH fait la démonstration du suivi qu’il a dans les idées. Cette belle qui file en toute sérénité donne envie de s’emparer d’un objet aussi improbable. Quoique, il existe de drôles de façons de se déplacer sur l’eau. J’ai retrouvé le nom du sport pratiqué par mes pagayeurs de la Côte : « stand up paddle », c’est tout nouveau. 🙂
Dominique Hasselmann a dit:
@ Zoë Lucider : équipée d’Internet, cette embarcation devrait être lancée prochainement par Apple sous le nom « iPaddle ».
Zoë Lucider a dit:
Fais déposer le principe, ton avenir est assuré
@ Zoë Lucider : 🙂
Calypso a dit:
Fi du bidasse Cousteau et de son frère collaborateur de « Je suis partout », rendons le bathyscaphe à son inventeur Piccard (fils improbable d’Einstein et de Tournesol pour le physique)… Le Courbet évoque par certains côtés certaines baigneuses de Picasso (celles qui courent sur une plage) et par d’autres le Douanier…
Dominique Hasselmann a dit:
@ Calypso : oui, j’aurais dû faire plutôt allusion à votre pseudo !
Mais ici, le rapprochement (ou la collaboration…) n’était qu’entre les mots !
Vous avez raison, Picasso aimait aussi les baigneuses… et le Douanier sans doute les frontières des maillots.
Calypso a dit:
@ D.H. : LE calypso est une musique où se sont illustrés Harry Belafonte, Miles Davis et même le révérend Mitchum… Je me présente parfois comme calyptologue (en référence à la mythologie grecque), mais c’est une autre histoire !… Bravo pour le Douanier !
@ Calypso : je faisais allusion à LA Calypso…
Quant à vos qualités de calyptologue, je ne saurais les mettre en doute ! D.H.
Calypso a dit:
@ Des haches : content (après deux mois sans ordinateur) de retrouver vos images et votre verve. Pensé quand même à elles (images et verve) en lisant « Le tout sur le tout » (je n’avais jamais rien lu de Calet) et en relisant « L’Hôtel du Nord » de Dabit.
@ Calypso : Des écrivains qu’il faudrait relancer… D.H.
Pingback: Bloguer ou ne pas bloguer » Un Blogday, un
Francesca a dit:
Quelle claque, ce tableau, qui n’évoque pas « mon » Courbet habituel !
Belle découverte après l’épopée allemande : merci !
Dominique Hasselmann a dit:
@ Francesca : c’est paradoxalement parce qu’il ne ressemble pas à un Courbet qu’il nous plaît tant (aussi)…
les cafards a dit:
un salut amical des cafards qui surfent encore sur la vague des vacances
Dominique Hasselmann a dit:
@ les cafards : salut rendu !
Pingback: Bords tranquilles à Paris | Métronomiques