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"L'inépuisable chaos du monde", Association des Lecteurs de Claude Simon, Bpi, Centre Pompidou de Paris, Claude Simon, expo
Dans l’immense espace de la Bpi (« Bibliothèque publique d’information ») du Centre Pompidou de Paris – que nous rebaptiserons irrévérencieusement « Brigade populaire d’infanterie » par référence au passé militaire de l’auteur – l’exposition consacrée à Claude Simon, L’inépuisable chaos du monde, semble, de prime abord, petite et comme dissimulée aux yeux des lecteurs, la plupart devant leurs écrans.
Mais cet enchâssement (visité lundi dernier) montre comment Claude Simon est ancré par son œuvre dans la réalité du temps et de celui qui lui a fatalement échappé un jour : il demeure toujours présent, comme un rappel de l’Histoire et un appel vers l’avenir. Sa résistance n’a pas de terme.
Ici, le parcours offert au visiteur est très riche, dense et varié : manuscrits, films, interviews, photos, dessins, collages, on pourrait (on devrait) y rester des heures pour mieux comprendre de quoi, de qui ont été fabriqués ces livres (et aussi ces photos et ces dessins ou ces collages). Le prix Nobel de 1985 arriva là comme à l’apogée, mais pas l’apologétique, d’une existence bouleversée notamment par la guerre et d’autres combats, et d’une œuvre littéraire au style puissant et inimitable, fleuve impétueux d’un langage inventé par l’objet même qu’il véhicule.
Sur le site remarquable de l’Association des Lecteurs de Claude Simon, l’exposition est détaillée, reproduite et mise en perspective… cavalière avec une mine d’informations, de photos et de documents permettant d’approfondir une « séance tenante » de grande envergure, à l’image de celui auquel elle est dédiée dans l’accomplissement de cette rencontre à Beaubourg qui se déroule entre l’ombre et la lumière.
brigetoun a dit:
merci pour cette visite en photos (l’impression qu’en effet, qu’importe la taille de l’exposition il y a de quoi s’y installer et s’y couper du reste)
et merci pour le lien vers l’association des lecteurs de Claude Simon, vais y faire un tour..
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : on est surpris par l’étroitesse du dispositif mais par la richesse qu’il contient… (une expo de trente photos faites par Claude Simon a lieu en même temps au niveau 4 du Centre).
dominique autrou a dit:
Très bon site.
Pour gagner du temps (commodité, magnanimité ?) certains écrivains contemporains font eux-mêmes la bio et l’état du livre en train de se faire (ou plutôt de s’être fait).
Pratique !
Dominique Hasselmann a dit:
@ dominique autrou : est-ce nouveau ? « Autobiographie des objets » et « Proust est une fiction » (entre autres) sont parus au fur et à mesure sur le site de François Bon, par exemple.
Il reste à J.-P. Toussaint à s’éditer lui-même pour boucler la boucle.
dominique autrou a dit:
Je pensais que les livres que tu cites étaient plutôt à l’origine des articles, additionnés plus tard. Une sorte de feuilleton.
Je ne dis pas que c’est nouveau, je trouve que c’est particulièrement visible (voir les néons de Toussaint)
@ dominique autrou : on manque toujours d’éclairage à la Toussaint. D.H.
biscarrosse2012 a dit:
Merci pour cette invitation qui laisse déjà imaginer ce qu’on va retrouver dans ce temple de la mémoire qui se transforme encore bien en vitrine de la mémoire contemporaine. On extrait très diligemment tout ce qu’on réussit à extraire du flux de vies absolument méritoires et l’on organise pour cette vie l’avant-première du musée qu’on lui consacrera un beau jour. Je trouve cela exceptionnel et porteur d’une grande valeur symbolique dans cette époque de pulvérisation plus ou moins brutale et consciente de la mémoire.
Dominique Hasselmann a dit:
@ boscarrosse2012 : Cette « pulvérisation », la littérature et l’art (ou l’art littéraire et d’autres formes artistiques, comme le théâtre…) luttent contre et cette mise en avant de leurs œuvres est salutaire.
godart a dit:
Intéressante chronologie de Claude Simon. Le lien militaire père-fils donne envie d’en savoir plus. Pour ma part, je n’ai lu de cet auteur que » Tramway « . L’automne me semble une bonne saison pour renouer avec le plaisir d’une première lecture.
Dominique Hasselmann a dit:
@ godart : la chute des feuilles… (comme dire avec une tablette ?).
Lisez aussi « La Route des Flandres » et « L’Acacia »…
jjd a dit:
LES COUPS ONT REPRIS À NANTERRE
Journal peut-être pour se dissimuler ou justifier déployé le bord supérieur des feuilles dessinant un angle obtus largement ouvert au ras duquel il peut voir la fenêtre et juste sur le côté de la page de droite le porche de l’immeuble LES COUPS ONT NORMALEMENT REPRIS À LA FACULTÉ DE NANTERRE la fille en rouge bottée de noir reparaissant dans l’encadrement de la porte…COUPS Elle rejette une bouffée de fumée puis fait glisser le sac dont la courroie reposait au creux de son coude l’ouvre et entreprend d’y ranger allumettes et cigarettes L’un de ceux qui se trouve de l’autre côté du passage l’interpelle elle le regarde puis baisse la tête s’intéressant de nouveau au contenu de son sac COURS et non pas COUPS lapsus tourner une page pour avoir l’air de COURSES AUJOURD’HUI À AUTEUIL…
Claude Simon
La bataille de Pharsale
(roman 1969)
Dominique Hasselmann a dit:
@ jjd : plus récemment, ce fut Longchamp…
PdB a dit:
une nouvelle livrée… moi qui croyais poster un commentaire sur LTàG… (la photo de robbe grillet me plaît)
Dominique Hasselmann a dit:
c’est un essai;;;;; mais je n’arrive pas à en sortir !!!
PdB a dit:
:°)) il est pas mal…
@ PdB : Non, c’était juste un essai pour changer de « look », et le nouveau titre « Répercussions », pris au hasard, s’est révélé être vraiment prémonitoire car je n’arrivais plus à revenir à l’ancien modèle (ou « thème ») de LTAG.
Grâce à un « dépannage » téléphonique qui a duré presque une heure – je remercie Dominique Autrou pour son « assistance » si efficace et je me souvenais qu’il avait eu un blog sur WordPress – j’ai pu enfin faire la manœuvre libératrice (retaper le titre original dans la case ad hoc et aller sur le « thème » précédent) et retrouver ainsi ma petite… dépanneuse Dinky Toys : c’est fou, non ?
En fait, si l’on veut changer carrément de blog en restant sur la même plateforme – donc avec un nouveau titre et une forme différente – il faut taper « créer un nouveau blog » sur WordPress – et non se contenter de choisir un nouveau « thème » qui va, ipso facto, consever l’ancienne adresse et donc trimballer le contenu du blog antérieur : j’avais d’ailleurs exécuté la bonne manoeuvre pour le passage de L’Irréductible à LTAG…
Après ces tâtonnements, je verrai plus tard si je change quelque chose !!! 🙂
Julien Boutonnier a dit:
Ça donne envie de s’isoler et de plonger dans le fleuve de sa prose. Merci!
Dominique Hasselmann a dit:
@ Juiien Boutonnier : prévoir une bouée (de sauvetage, par exemple).
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louise blau a dit:
oui, il faut aller voir cette exposition à Beaubourg, et le site des lecteurs (dans lequel ce post est par ailleurs cité (;), preuve de la veille attentive des lecteurs de Claude SImon). Au passage, deux petites observations : j’ai été frappée par le nombre important de japonais venu voir l’exposition, que j’ai vue vendredi dernier, ce qui confirme l’importance de la réception internationale de l’œuvre de C.S. à l’étranger. A l’occasion du centenaire, de très nombreuses manifestations se déroulent actuellement, notamment ce W.E. à Perpignan et Céret (programme sur le site des lecteurs). J’espère pouvoir en livrer quelques impressions. D’autre part, j’ai été déçue par le « discours » qui accompagne la petite exposition de photographies (fléchage confidentiel), remarquables, toujours à Beaubourg mais dans le musée, avec cette manie de catégoriser qui tourne au ridicule dans ses affirmations (à propos des photographies des gitans à Perpignan : « … style proche de la photographie humaniste »). A la différence près que Simon ne verse jamais dans le sentimentalisme mièvre ou dans le documentarisme accusateur qui caractérise cette « iconographie ». Walker Evans, Dorothea Lange, entre autres… Simon a voulu peindre, il est devenu photographe (funambule), puis écrivain (cavalier, archiviste, historien).
Dominique Hasselmann a dit:
@ louise blau : je n’ai pas eu le temps d’aller voir le quatrième niveau (expo des photos de Claude Simon) mais ce genre de « catégorisation » évite de se poser la question du style personnel.
Le nombre de manifestations consacrées à Claude Simon cette année est (logiquement) impressionnant : le déroulé complet figure en effet sur le site de l’Association des Lecteurs.
A signaler un article d’une page ce matin dans « Libération », sur l’expo, par Edouard Launet.