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Les flocons n’auront pas duré et l’expo du photographe Joel Meyerowitz était encore ouverte, hier, à la MEP de Paris (depuis le 23 janvier jusqu’au 7 avril) : on ne compte pas la foule ni Dali rue de Fourcy, dans le Marais.
Ce qui est intéressant, pour cette rencontre instantanée, c’est de prendre un parcours en se laissant uniquement attirer par les amas de couleur ou les aplats de noir et blanc aperçus ici et là, collés aux murs, sans suivre les flèches, au hasard des surprises, des portraits uniques ou avec groupes, des scènes de rues, de remonter dans le temps avec l’escabeau du regard et puis de ne pas en faire une maladie.
La simplicité de Joel Meyerowitz fait plaisir à voir (c’est une sorte d’évidence devant ce qui se présente à lui), il sait isoler des personnages au milieu d’autres qui restent troubles – jeu sur la vitesse de l’obturateur – et il a compris l’importance de l’inattendu saisi au détour d’un trottoir ou dans une voiture sur le Top Banana Boulevard. Il n’a pas non plus oublié le poids de la politique quand la ferraille tordue et brûlée demeure une sculpture qui blesse toujours.
(Cette photo peut en cacher une autre)
(Photos : cliquer ou bouger pour agrandir.)
=> à suivre
brigetoun a dit:
ça aurait été (aveu) pour moi une découverte – pas l’endroit que j’aime, mais le photographe que j’aurais, d’après ce que vous en dites et en montrez, aimé
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : en voilà donc quelques petits formats.
biscarrosse2012 a dit:
Importance de l’inattendu, de la couleur inattendue, de la photo instantanée qui prend en contre-pied une situation inattendue. Il y a toujours un choix, a priori ou a posteriori. En tout cas, il y a toujours une différence entre ces photos de Meyerowitz (tout à fait inscrites dans une idée, un programme, un sentiment, et cetera) et les photos qu’on peut faire de façon automatique, je dirais « à la japonaise ». C’est la différence entre le tireur choisi (qui nous attend derrière le coin pour nous surprendre) et celui qui tire au hasard avec une mitrailleuse.
Dominique Hasselmann a dit:
@ biscarrosse : il s’agit de trouver la position du tireur debout.
jeandler a dit:
De la couleur avant toute chose quand le poète demandait de la musique.
Présentation claire et soignée.
Dominique Hasselmann a dit:
@ jeandler : oui, un faux air, parfois, de Hopper…
Désormière a dit:
Ce que j’aime dans cette photographie, c’est sa simplicité, son évidence.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Désormière : oui, ce genre de photographie (ou ce type de photographe)…
Désormière a dit:
La photographie de ce photographe-là…
@ Désormière : oui, celle-là… D.H.
PdB a dit:
On ira voir…
Dominique Hasselmann a dit:
@ PdB : tu peux y aller les yeux fermés (enfin, tu vois ce que je veux dire) !
Raoul Pantanella a dit:
Je suis un illettré de la photo et de sa graphie, comme je le suis en solfège, en langue des signes, numismatique, œnologie, chirurgie de la main, cueillette des pommes en Californie, plongée sous-marine et vol à voile, etc., etc. (cet inventaire donne le vertige, inutile de se piquer de la mirandole…) Aussi je regarde toujours avec le plus grand intérêt les photos de ton LTAG, Dominique, certain ainsi de ne pas mourir un jour tout à fait idiot.
Et ce que tu nous montres de ce Joël Machin (a-t-on idée de porter un nom aussi difficile à mémoriser ?…) fait immédiatement penser à ton travail : la photographie de la rue, des gens de rencontre et de l’instant. Comme on disait avant, « témoin de son temps », de ton temps. Quand nous serons bien vieux, le soir, à la chandelle électronique (en ce qui me concerne, c’est déjà fait…) on regardera la collection des anciens LTAG pour voir comment c’était le début du siècle… Et comme Baudelaire, on se prendra à rêver devant l’image fugitive d’une jeune femme qui passe rapide à grandes enjambées dans une rue sans nom et que tu as volée au temps qui l’efface…
Bref Joël M. et DH, même combat et talents similaires.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Raoul Pantanella : cette comparaison est déraisonnable !
Je vois quand même un point commun entre Joel Meyerowitz (ah, tous ces Américains avec leur noms d’origine étrangère…) et moi : l’amour des grosses voitures américaines, hélas de plus en plus remplacées par des européennes ou des japonaises aux dimensions ratatinées (voir la photo N°8 du portfolio du « Monde » avec le premier lien).
Pour le reste, ta subjectivité m’honore, comme ton amitié !
Sorcière a dit:
Cette comparaison n’est pas déraisonnable ! ce fut aussi mon premier sentiment !
@ Sorcière : si tu me jettes un sort… D.H.
dominique autrou a dit:
J’aime beaucoup l’afflux de ces éphélides, innumérable anaphore épidermique.
Dominique Hasselmann a dit:
@ dominique autrou : une gorgée d’éphédrine aide à supporter leur violente beauté.
Cyfo Jasenver a dit:
DH versus JM
JM versus DH
Mais qui joue à cache-cache ?
L’important est qu’ils sèment
S’en tirent avec panache.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Cyfo Jasenver : tu jazzes en vers même si les parallélismes sont hasardeux !
Julien Boutonnier a dit:
La jeune femme qui nous regarde près de l’arbre est sidérante. Elle est incroyablement magnétique, d’autant que les autres visages sont flous, comme vous le soulignez. Photo très forte. J’ai envie de rejoindre la fille et de me consumer dans sa présence.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Julien Boutonnier : il y a parfois de la magie.
Zoë Lucider a dit:
Il est vrai que tu as un talent similaire pour capter la force des hasards entre les objets et les êtres. Il est vrai aussi que cette femme en bleu électrique est fascinante. Il est vrai encore que je commente souvent quand tout a été dit et que l’on vient trop tard 🙂
Dominique Hasselmann a dit:
@ Zoë Lucider : le lieu était sans doute aussi électrique.
Il est rare de découvrir une photo aussi auratique.