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Sur cette vidéo, il manque un gros plan, dans la cuisine, sur la marque Frigidaire®. Mais l’appartement témoin des constructions d’Auguste Perret ressemble au résultat d’un coup de baguette magique qui nous envoie dans le passé – je repense à Kubrick = odyssée de l’espace – sans qu’il soit besoin, comme cela est présenté dans un livre feuilleté à l’accueil de la Maison du Patrimoine, de grimer des acteurs et de les habiller en costumes d’époque pour faire « vrai » dans le décor photographié.
La guide aux yeux verts connaît son Perret par cœur : mais lorsqu’un des visiteurs (sur une vingtaine) l’interpelle, cela tourne à la scène qu’il aurait fallu enregistrer :
– Ce pilier de béton, on voit qu’il a été repassé à la boucharde !
– Comment dites-vous ?
– Oui, c’est l’outil qui permettait de faire apparaître le conglomérat de la matière brute et laissait ainsi une impression artistique sur la surface qui, autrement, aurait été lisse et de peu d’intérêt…
– Dites-moi, vous en connaissez un rayon sur la question ! Mais je n’ai jamais vu de boucharde !
– Écoutez, je peux vous en laisser une, pour votre appartement témoin, ce serait bien, et je suis dans le métier, le béton ne m’est pas étranger.
– D.H. : Mais, vous êtes le fils Perret !!!
– Vous plaisantez, c’est sympa, je travaille dans le bâtiment et j’ai même visité une villa à Miami qui était déjà équipée du téléphone avant 1900…
Après ce lieu feutré et spacieux (on se déplace de pièce en pièce, il y a des cloisons mobiles, et la fameuse règle des 6,24 m est explicitée de long en large par notre charmante pédagogue), direction l’église Saint-Joseph, l’une des « Twin Towers » du Havre, qui surplombent la cité comme deux piliers tutélaires, conscients des ravages guerriers et qui, les ayant surmontés, demeurent les vigies diurnes et nocturnes (éclairées) des jours présents et à venir.
(Photo ci-dessus : cliquer pour en faire apparaître une autre.)
(Ci-dessus : cliquer pour obtenir un autre aperçu. Autres photos : agrandir avec clic de souris ou mouvement du pouce.)
(☛ à suivre)
brigetoun a dit:
j’étais comme la femme de bronze, émerge, juste pour dire le plaisir de la scène à la boucharde et des photos
vais regarder la vidéo
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : couvrez-vous !
Skif a dit:
Esthétique très réussie et le rose délicat des photos (bravo pour le camaïeu de la série) est convaincant.
Quid de l’isolation phonique, la grande oubliée des architectes de cette époque-là ? (mais je casse le rêve rose, sorry…)
Dominique Hasselmann a dit:
@ Skif : dans l’appartement témoin, il y avait double vitrage (et malgré moins de voitures !).
dominique autrou a dit:
Et la cocotte-minute (une AUTO THERMOS des ateliers de Boulogne-sur-Seine), sifflement abrupt en concurrence sérieuse avec l’électrophone (un Chopin de chez Thomson-Houston ?)
Dominique Hasselmann a dit:
@ dominique autrou : sur la cocotte, cette sorte de montre (au moins, pas besoin de regarder la sienne)…
Claire a dit:
Très jolies illustrations ; je comprends mieux désormais l’engouement pour cette ville et son classement à l’UNESCO. J’ai bien aimé également les informations et la vidéo sous le lien 6,24 m.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Claire : oui, cet article (16 novembre 2008) est intéressant aussi par ses vues anciennes de la ville.
ALB a dit:
C’est la première fois que je pénètre dans un de ces appartements souvent décriés. Pas si mal (si l’on masque les horribles tableaux).
On a comparé ces édifices avec ceux de Nowa Huta (« Nouvelle Fonderie »), le quartier industriel de Cracovie, bâti après la guerre du vivant de Staline.
La video ici ne permet malheureusement pas d’en visiter un appartement, mais la chanson est d’époque, ainsi que le « Bébé Rose » de la vidéo du Havre.
Dominique Hasselmann a dit:
@ ALB : Merci pour le rapprochement : il y a certes comme un petit « air de famille » dans certains alignements mais je pense surtout que la propagande n’était pas au même niveau (le pluralisme politique existait en France) !
ALB a dit:
Toute Nowa Huta servait la propagande. Il ne s’agissait pas de construire là où des édifices avaient été rasés par les bombes. Graver le nom de Wyspianski, l’artiste cracovien, comme on voit sur la vidéo havraise ceux de Dufy et de Friesz, eût été répréhensible.
Il n’empêche qu’avec le temps, certains de ces immeubles sont devenus plus attrayants.
PS: On voit Nowa Huta dans « L’Homme de marbre », de Wajda.
@ ALB : ce serait bien que la Cinémathèque prévoie un jour (mais à quelle occasion ?) une rétrospective Wajda – je l’ai vu il y a longtemps, celui qui n’était pas « L’homme de béton » ! D.H.
ALB a dit:
Avec « Les Noces », adaptation réussie de la superbe pièce de Wyspianski, « L’homme de marbre » est le film de Wajda qui m’a laissé le meilleur souvenir. Krystyna Janda, faisant irruption partout avec son appareil photo, est inoubliable. « Kanal », revu récemment (et auquel j’ai pensé en visitant un récent « Tourne à gauche »), m’a paru vieilli et trop allusif. Une rétrospective n’en serait pas moins la bienvenue.
Dominique Hasselmann a dit:
@ ALB : oui, je crois que c’est son meilleur film (Palme d’or à Cannes en 1981).
Sorcière (gentille) a dit:
Quel immense plaisir pour moi que de visiter cet appartement témoin grace à Dominique ! J’y ai retrouvé des meubles et des objets de mon enfance (qui ont disparu dans un incendie) et que je chine parfois pour le plaisir d’en retrouver la mémoire et la vibration.
La boucharde !!! Voilà donc à quoi sert cet objet étrange que j’ai parfois croisé. Je ne raterai pas une prochaine rencontre pour mon outillage sorcier 😉
Ah ben oui ! je reviens avec du matériel remis à neuf, balai, serpette et tapis volant. 😉 Il faut parfois s’occuper de la rénovation des accessoires hein !
J’ai vu que Nomade était de retour aussi et cela m’a fait plaisir. Je n’ai rien perdu de vue, et surtout pas Dominique 🙂
Ravie de vous retrouver après un petit « entre temps ».
Dominique Hasselmann a dit:
@ Sorcière (gentille) : par le miracle ensorcelant de l’incompréhensible, vous voilà de retour, et les balais volent, car il en faut, « du balai ! », l’air est plus vif et vous retrouvez des souvenirs de « chine » (donc plus ou moins provenant de la Grande muraille…), vous avez repris votre vol superviseur, il va falloir se tenir à carreau !
(Re)bienvenue, oui, comme à Nomade qui s’est « exilé » de Suisse… à Vichy : l’inverse de certains « patriotes » auxquels le portefeuille sert de carte d’identité !