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« Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale. Non seulement le rapport à la marchandise est visible, mais on ne voit plus que lui : le monde que l’on voit est son monde. La production économique moderne étend sa dictature extensivement et intensivement. Dans les lieux les moins industrialisés, son règne est déjà présent avec quelques marchandises-vedettes et en tant que domination impérialiste par les zones qui sont en tête dans le développement de la productivité. Dans ces zones avancées, l’espace social est envahi par une superposition continue de couches géologiques de marchandises. A ce point de la « deuxième révolution industrielle », la consommation aliénée devient pour les masses un devoir supplémentaire à la production aliénée. C’est tout le travail vendu d’une société qui devient globalement la marchandise totale dont le cycle doit se poursuivre. Pour ce faire, il faut que cette marchandise totale revienne fragmentairement à l’individu fragmentaire, absolument séparé des forces productives opérant comme un ensemble. C’est donc ici que la science spécialisée de la domination doit se spécialiser à son tour : elle s’émiette en sociologie, psychotechnique, cybernétique, sémiologie, etc., veillant à l’autorégulation de tous les niveaux du processus. »
Guy Debord, La Société du spectacle (Buchet-Chastel, 1967, page 31).
(Paris, 12 janvier, Pointe Poulmarch, 10e, 18h.49, 18h.50. Agrandir si désir.)
(Ornette Coleman, Forerunner)
brigetoun a dit:
non rien – et bel accord entre l’image et Ornette Coleman
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : merci.
Désormière a dit:
Pour l’instant, je n’ai de disponible que mon cerveau et il n’est pas à vendre.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Desormière : vous êtes à l’abri de TF1 (ou autres).
JEA a dit:
les marchands disent que les armes se vendent mieux que les larmes…
Dominique Hasselmann a dit:
@ JEA : les marchands d’âge se frottent les mains.
Lignes bleues a dit:
Et point d’orgue de la société du spectacle, la vente de soi, non pas de sa force de travail, comme on disait autrefois, mais soi comme objet, auto promu dans un monde de com (m, n, o, p…, a vous de permuter les consonnes, la voyelle n’est là que pour la mécanique alphabétique)
Bon, d’accord, un peu facile de bon matin. Bon, bof.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Lignes bleues : vu seulement ce matin (sur la check-list des abonnés du monde.fr) qu’il y aura une expo sur les archives de Guy Debord à la BnF, du 27 mars au 13 juillet.
Paradoxe : le « trésor vivant » exposé devant les foules qui paieront leur ticket d’entrée pour regarder ses manuscrits.
Le radicalisme est toujours récupéré un jour (par la société marchande…) : mais il demeure comme stimulant intellectuel.
Skif a dit:
« Dans les lieux les moins industrialisés, son règne est déjà présent avec quelques marchandises-vedettes ». Cf Coca-cola au Chiapas, où l’eau devient rare et où on consomme cette mer… euh, ce soda à raison de 3 par jour et habitant en moyenne.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Skif : difficile d’y échapper. Tout le monde n’a pas une bouteille de Vichy à portée de la main…
Skif a dit:
Surtout quand une multinationale vient tarir l’eau de votre puits…
@ Skif : mais un jour, quand ils auront retiré tout le sucre, les bulles et les divers ingrédients de leur beuvrage, ils vendront peut-être (ou distribueront gratuitement, dans leur grande bonté) de l’eau pure ? D.H.
El Tojolabal a dit:
Le Coca, au Chiapas, sert à éviter la « courante » : c’est un produit qui coûte moins cher qu’un médicament. En prime, les Indiens le vendent bien moins cher que les « ladinos » des villes. Cette mer… a donc son utilité.
Dominique Hasselmann a dit:
@ El Tojolabal : même en France, il présente des vertus médicinales ! D.H.
le p'tit Suisse a dit:
Rien à vendre, mais l’auteur reste à louer pour cette mise en miettes de marchandises-vedettes.
Dominique Hasselmann a dit:
@ le p’tit Suisse : l’un entre à la BnF, l’autre va être effacé rapidement !
biscarrosse2012 a dit:
Je reconnais un mur très proche de chez nous, habitants du quartier de l’atmosphère (Arletty docet) ! Heureusement, on a encore les murs pour exercer les aptitudes de la main, menacées sinon effacées par cette « merveilleuse » mutation numérique qui, d’ailleurs, nous fait voir un monde virtuel de plus en plus prodigieux.
Ne serons-nous pas, en tant qu’avant-gardes engagées de ce « mouvement créateur » (qui ne se sert plus, désormais, que d’instruments ayant pour repère la page virtuelle), ne serons-nous pas, je me demande, les principaux complices de cette dérive de la « consommation aliénée » ?
Dominique Hasselmann a dit:
@ biscarrosse2012 : comment vivre sans consommer (ou alors se consumer sur-le-champ) ?
Les outils changent, il importe de rester fidèles à quelques principes fondamentaux (ou « banalités de base », comme l’a écrit Raoul Vaneigem).
PdB a dit:
Restons éveillés (refusons la soumission et le consentement -journaux gratuits et autres ordures du marketing)
@ PdB : journaux gratuits dans le métro = infos de papier mâché. D.H.
jeandler a dit:
Pollution mentale au meilleur rapport qualité/prix.
Dominique Hasselmann a dit:
@ jeandler : vous parlez de quoi ?
jeandler a dit:
De la société spectacle.
@ jeandler : OK. D.H.
les cafards a dit:
le spectacle n’est plus dans la salle, il est partout !
Dominique Hasselmann a dit:
@ les cafards : il suffit d’ajuster, comme on dit en anglais, ses « spectacles » !
Zoë Lucider a dit:
Ca tombe bien, nous n’avons plus de pouvoir d’achat. Extinction de la marchandise faute de démarcheurs.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Zoë Lucider : pas si simple : le « low cost » fait un tabac !
Pierre Chantelois a dit:
L’art de la rue peut se montrer revendicateur. On lui reproche tant d’être destructeur.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Pierre Chantelois : cette revendication, pourtant désintéressée, sera effacée.
Julien Boutonnier a dit:
Qui sème la vente récolte la tempête…
Je fais souvent le cauchemar de ma fille devenue adulte pleurant sur des ruines.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Julien Boutonnier : la jeunesse a, elle aussi, toujours du ressort.