« Ce qui est en bas ressemble à ce qui est en haut. Par-là l’esclavage est une image de l’obéissance à Dieu, l’humiliation une image de l’humilité, la nécessité physique une image de la poussée irresistible de la grâce, l’abandon des saints au jour le jour une image du morcellement du temps chez les criminels et les prostituées, etc.
A ce titre, il faut rechercher ce qui est le plus bas, à titre d’image.
Que ce qui en nous est bas aille vers le bas afin que ce qui est haut puisse aller en haut. Car nous sommes retournés. Nous naissons tels. Rétablir l’ordre, c’est défaire en nous la créature. »
Simone Weil, La Pesanteur et la Grâce, Plon 1948 (UGE, 10 x 18 N° 2, 1963, page 43).
(Photos : Paris, pont au Change, 19 février, 14h.00. Cliquer pour agrandir.)
(Gustav Mahler, Rückert Lieder, « Ich bin der Welt abhanden gekommen »)
brigetoun a dit:
bonheur des ciels parisiens – bonheur de la sagesse exigeante
Dominique Hasselmann a dit:
@ brigetoun : vos ciels sont plus beaux que vos nuits (?).
jeandler a dit:
Le soleil dans l’axe du Boul’Mich
La première image, illustration parfaite de la Pesanteur et de la Grâce.
Trop de grâce devient pesant. La créature en nous se défaisant…
Dominique Hasselmann a dit:
@ jeandler : la deuxième image était nécessaire.
Désormière a dit:
Ô cruelle image… Mais ne pourrait-on pas dire finalement, que jeunesse passe ?
Dominique Hasselmann a dit:
@ Désormière : j’ai déjà vu cette personne, elle arpente ce pont depuis quelque temps déjà.
Cowboy a dit:
Sûr qu’il doit lui falloir du temps pour traverser. Je l’ai moi-même croisé(e)… l’an dernier. Sur le même pont mais à une quinzaine de dalles en amont.
@ Cowboy : elle arpente sans fin. D.H.
Avys Corjenef a dit:
Je crois que vous faites erreur, mon cher DH, car ce n’est absolument pas le Pont St Michel, mais le Pont au Change. A gauche le quai de l’Horloge ( qui tourne ) et en face le Pont Neuf partie nord, face à l’ex Samaritaine.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Avys Corjenef : vous avez raison, j’ai pris le Boulevard Saint-Michel au retour et le pont qui le prolonge, et donc je les ai mis dans le même sac.
Merci pour cette rectification : je suis ainsi cloué au pilori mais Simone Weil m’absoudra sans doute.
jeandler a dit:
Ouf ! passé de la rive gauche à la rive droite mais le bd Saint-Michel est toujours en face…
La détresse du monde avec ce pathétique chant de Mahler. Sa solitude aussi.
Me voilà coupé du monde
dans lequel je n’ai que trop perdu mon temps;
il n’a depuis longtemps plus rien entendu de moi,
il peut bien croire que je suis mort !
Et peu importe, à vrai dire,
si je passe pour mort à ses yeux.
Et je n’ai rien à y redire,
car il est vrai que je suis mort au monde.
Je suis mort au monde et à son tumulte
et je repose dans un coin tranquille.
Je vis solitaire dans mon ciel,
dans mon amour, dans mon chant.
Dominique Hasselmann a dit:
@ jeandler : « L’oeuvre d’art, enchaînée à la culture, voudrait briser ses chaînes, se tourner généreusement vers le triste rebut ; chaque mesure chez Mahler ouvre grand les bras. »
Theodor W. Adorno, Mahler, une physionomie musicale, Editions de Minuit, 1976 (traduction et présentation de Jean-Louis Leleu et Theo Leydenbach, page 65).
saravati a dit:
Que reste-t-il d’espoir quand on n’a d’autre paysage que ses pieds qui refusent presque d’avancer ?
oui, cruelle décrépitude …
Dominique Hasselmann a dit:
@ saravati : oui.
Cowboy a dit:
Paradoxe des essences :
Je trouve cet … « être »… « un peu plié ».
Cowboy a dit:
Erratum : sans doute eussé-je dû écrire que c’était « un »… »être » … « un peu plié ».
(oui… à cause du « h » aspiré)
PS je jure que je n’ai rien bu.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Cowboy : le poids du monde…?
jean paul galibert a dit:
Il faudrait pouvoir devenir nuage…
Dominique Hasselmann a dit:
@ jean paul galibert : votre commentaire, j’ignore pourquoi, a été envoyé au purgatoire des « indésirables ». Je le débloque à l’instant (22 février à 4h.56).
Votre souhait mérite d’être exaucé.
Zoë Lucider a dit:
Pour mon retour sur le web, ce post est approprié: j’étais allée visiter de vieilles personnes percluses et un peu désespérées et… désespérantes.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Zoë Lucider : j’espère qu’elle n’en étaient pas à ce stade.
Zoë Lucider a dit:
Pas tout à fait, fort heureusement;
Pierre Chantelois a dit:
Éloge de la lenteur qui atteint son objectif contre rapidité intempestive qui renverse tout sur son passage. Sagesse contre impétuosité. Fidélité contre politique.
Dominique Hasselmann a dit:
@ Pierre Chantelois : si on assimile « politique » à « usage politicien »…
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